Publié le 29 mars 2023 par : M. Guedj, M. Aviragnet, M. Califer, M. Delaporte.
L’article L. 241‑6‑2 du code de la sécurité sociale est complété par un 7 ainsi rédigé :
« 7° La fraction des recettes des droits de mutation à titre gracieux excédant le produit de 2022. »
Cet amendement des députés socialistes et apparentés vise à financer les politiques de soutien à l’autonomie par l’affectation à la CNSA du produit de la croissance spontanée des droits de mutation et de donation à titre gratuit.
Les besoins financiers pour soutenir les établissements et services accompagnant des personnes âgées ont été évalués à environ 9 à 10 Mds€ d’ici la fin de la décennie (rapport Libault).
Il s’agit à la fois d’améliorer l’offre existante qui se trouve aujourd’hui en grande difficulté et de la développer pour faire face à l’évolution démographique et il faut donc programmer la croissance de l’offre. Le secteur doit à la fois recruter massivement, améliorer le niveau de qualification et les perspectives professionnelles d’évolution des professionnels et investir dans les nouvelles technologies et la rénovation des structures d’hébergement.
En regard, la branche autonomie n’est pas en mesure aujourd’hui de financer cet effort : les recettes nouvelles se limitent à 2,4 Mds€ prévus en 2024.
Il y a donc un important besoin de financement à qui s’ajoute à la nécessité de conforter nombre d’établissements et de services à court terme pour éviter une réduction de l’offre qui serait dramatique. Les solutions de financement aujourd’hui identifiées (hausse de la CSG, fin de l’abattement pour frais professionnels des personnes retraitées) sont difficilement praticables car elles reviendraient à réduire le pouvoir d’achat.
A contrario, le vieillissement de la population dans un contexte où le patrimoine a doublé en 15 ans permettrait de manière assez indolore de générer une recette fiscale significative, ce qui en fait un outil tout particulièrement adapté et dynamique pour financer la politique grand âge avec un lien générationnel évident.
Par ailleurs, l’extrême concentration des successions rend de fait ce prélèvement totalement indolore pour 95 % de la population.
Aussi, la piste consistant à affecter la croissance prévisible de recettes fiscales issues des droits de mutation à titre gracieux à la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA) qui finance la nouvelle Branche autonomie créée en 2021 apparait prometteuse : le patrimoine nettement plus important de la génération née après la 2ème guerre mondiale par rapport aux générations nées dans l’entre deux guerres s’ajoute au fait que, cette génération est nettement plus nombreuse. Le nombre de successions va donc inévitablement augmenter fortement.
Au global, une génération plus nombreuse avec un patrimoine plus important ne peut qu’entrainer une forte croissance des flux successoraux et donc, à droits constants, des recettes fiscales.
Il y a donc là un outil puissant et totalement indolore pour financer la croissance des besoins du grand âge.
Cette solution a aussi l’avantage d’éviter un débat toujours délicat lorsqu’il s’agit d’augmenter un prélèvement obligatoire. Il s’agit de flécher une recette publique croissante sur un besoin, de tout évidence, croissant.
Cet amendement a été travaillé avec la FHF.
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