Publié le 7 décembre 2023 par : M. Peytavie, M. Lucas, Mme Regol, M. Iordanoff, M. Julien-Laferrière, Mme Arrighi, M. Thierry, M. Bayou, Mme Belluco, M. Ben Cheikh, Mme Chatelain, M. Fournier, Mme Garin, Mme Laernoes, Mme Pasquini, Mme Pochon, M. Raux, Mme Rousseau, Mme Sas, Mme Sebaihi, M. Taché, Mme Taillé-Polian.
Après le troisième alinéa de l’article L. 425‑9 du code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile, il est inséré un alinéa ainsi rédigé :
« L’évaluation médicale de l’état de santé de l’étranger inclut systématiquement un entretien psychologique. Cet entretien prend en compte les enjeux liés aux psychotraumas. »
Le présent amendement du groupe Ecologiste propose d’inclure systématiquement un entretien psychologique lors de l’évaluation de l’état de santé des personnes sollicitant un titre de séjour pour motif médical.
Nous rappelons que les personnes demandeuses d’asile ont fui leurs pays. Elles ont fui des conditions de vie indignes, des incarcérations, des violences et des menaces directes pour leur vie. La fuite, le parcours de migration, peut, elle-même, occasionner de multiples violences, des viols et des atteintes directes à l’intégrité physique et morale des personnes migrantes. Une fois arrivées en France, il est alors très fréquent qu’elles soient marquées par un état de stress post-traumatique et d’angoisse permanente.
Lors de l’examen d’une demande d’asile ou de titre de séjour, tel que celui pour motif médical, il est alors fréquent qu’une personne ne puisse faire état des horreurs subies dans le format imposé par des procédures extrêmement rigides, fondées sur le récit et l’apport de preuve. Il est alors fréquent que la personne ait un discours d’apparence peu cohérente ou détachée renforcé par des épisodes extrêmement fréquents d’amnésie traumatique ou partielle. Cette difficulté à faire état des violences subies est renforcée par l’impossibilité fréquente de préciser les troubles et mettre des mots sur son état de santé mentale, qui n’est réalisable qu’après avoir eu accès à des soins effectifs.
Dans ce contexte, le transfert de l’évaluation des demandes de titre de séjour pour motif médical du ministère de la santé à l’Office français de l’immigration et de l’intégration (OFII) par la loi sur le droit des étrangers de 2016 a occasionné une chute drastique de l’acceptation des demandes de séjours pour soin. Si les demandes concernant des maladies du sang sont acceptée à 85%, celles concernant la santé mentale, qui concentrent pourtant un cinquième des demandes, font l’objet du rejet le plus massif avec 75% de refus.
Une telle négation de la santé mentale des personnes étrangères, par une organisation pourtant composée de professionnels de la santé, est inacceptable. Cela revient à condamner des personnes en véritable souffrance à une précarisation supplémentaire, un état d’insécurité permanent et une aggravation des troubles psychiques.
Par cet amendement, le groupe Ecologiste demande ainsi à ce qu’un entretien psychologique, incluant les dimensions liées aux psychotraumas, soit systématiquement réalisé lorsqu’une personne fait une demande de titre de séjour pour motif médical.
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