Intervention de Dominique Potier

Réunion du vendredi 25 mars 2022 à 9h00
Commission des affaires économiques

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaDominique Potier :

Je remercie le président Lescure et le ministre pour cette réunion. Jean-Baptiste Moreau l'a dit, nous sommes tous secoués et émus. Nos pensées vont à ceux qui souffrent, qui s'engagent et dont l'héroïsme nous oblige.

En ces moments, la nation est amenée à faire preuve d'unité. Toute démagogie, toute controverse inutile seraient malvenues. Dans cet esprit, le groupe Socialistes et apparentés salue l'initiative FARM du Président de la République. Elle marque le retour des régulations face aux crises – crise de l'Ukraine, crise du dérèglement climatique – et la fin du dogme du libéralisme sur les marchés alimentaires et agroalimentaires. Plus que jamais, nous devons instaurer de tels mécanismes de régulation.

Il faut aussi tirer les leçons du fait que la Chine disposerait de neuf fois plus de stockages en blé que l'Union européenne – à l'avenir, nous devrons ainsi repenser les marchés agricoles, leur sécurité ainsi que leur caractère équitable et coopératif.

Alors que la stratégie Farm to fork et la trajectoire du Pacte vert européen sont largement remises en cause, on peut craindre une forme de suraccident : dans l'émotion, nous pourrions renoncer à la trajectoire agroécologique et d'organisation des marchés esquissée par l'Union européenne ces derniers temps. Elle est pourtant une réponse structurelle et durable à la crise que nous traversons, pour une moindre dépendance aux protéines importées ainsi qu'aux intrants, avec leur dimension carbonée. Pouvez-vous nous assurer que des mesures de court terme visant l'organisation des marchés ne remettront pas en cause la trajectoire de la transition agroécologique et la volonté d'un rééquilibrage ?

Comme Jean-Baptiste Moreau, j'appelle l'attention sur les éleveurs, qui sont une des clés de cette agroécologie à la française et du modèle européen. Au-delà des mesures fiscales ciblées, ne doit-on pas penser un rééquilibrage des moyens, des revenus et des prix, entre les gagnants et les perdants de cette crise à court terme ? Les mesures que vous envisagez sur le plan fiscal ne sont-elles pas homéopathiques, au vu des grands écarts qui s'établiront entre les prix des céréales et de leur incidence sur l'élevage ? La décapitalisation de l'élevage et la perte de notre capacité à produire du lait et de la viande sur le territoire français seraient dramatiques à moyen terme. Pouvez-vous garantir que le court terme n'insultera pas le moyen terme ?

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