Intervention de Rémy Ozcan

Réunion du jeudi 22 avril 2021 à 9h30
Mission d'information sur le thème « bâtir et promouvoir une souveraineté numérique nationale et européenne »

Rémy Ozcan, président de la fédération française des professionnels de la blockchain (FFPB) :

Une bonne part des utilisateurs quotidiens d'Internet ne comprend pas son fonctionnement. Mieux vaudrait donc se demander, face à une nouvelle technologie comme la blockchain, ce qu'elle peut apporter.

D'abord, elle garantit la traçabilité de produits de manière à lutter contre la fraude. Une blockchain attribue à chaque produit une empreinte numérique unique, inscrite dans le registre partagé par tous les membres validateurs du réseau, lequel sollicitera la totalité du registre à chaque inscription d'une nouvelle information. Le stockage des données réparties aux quatre coins du monde rend quasiment impossible l'identification d'un dépositaire du registre original et, partant, l'interception ou la modification des informations qu'il contient. La blockchain apparaît dès lors comme un gage de certification dans des secteurs aussi divers que l'agroalimentaire ou le luxe. L'inscription de données dans le registre d'une blockchain les rend non seulement immuables mais surtout consultables par tous ceux qui disposent d'un accès à ce registre. L'usage de la blockchain a été envisagé pour certifier des diplômes ou encore des factures d'électricité afin de lutter contre la recrudescence de documents frauduleux.

Dans le secteur de l'énergie, la blockchain permet aussi d'automatiser une redistribution de l'électricité plus efficiente dans un quartier donné. Elle autorise en outre la création et l'échange rapide et simple de valeurs sans nécessité de passer par un tiers de confiance. Dans une perspective de souveraineté, elle facilite enfin le stockage de données par leur répartition.

Le récent incendie d'OVH a mis en évidence l'extrême centralisation des données. Qu'elle soit le fait de Google, Amazon, Facebook, Apple ou Microsoft (les GAFAM) ou d'entreprises européennes, le moindre problème dans leur stockage rejaillit dans ces conditions sur l'ensemble des utilisateurs. La blockchain distribue au contraire l'enregistrement des données en les chiffrant pour les sécuriser. Autrement dit, chacun peut contribuer à leur stockage en leur réservant de la mémoire sur un appareil électronique. Une fois découpés, les fichiers se répartissent entre les usagers. Le recours à la cryptographie ôte toute valeur à leurs fragments, pris indépendamment les uns des autres. En réalité, la blockchain agrège plusieurs technologies préexistantes, à l'instar de la cryptographie, d'Internet ou de la signature électronique. Ce n'est pas un hasard si notaires et huissiers, en tant que tiers de confiance, souhaitent l'utiliser pour automatiser leur travail et gagner en efficacité.

Dans la pandémie, certains assureurs n'ont étonnamment pas voulu indemniser une part des entreprises contraintes de déposer le bilan. La mise en place de contrats intelligents via une blockchain aurait pu donner lieu à une indemnisation automatisée des assurés sans que nul ne puisse remettre en cause la validité de leurs contrats.

En résumé, la blockchain, en plus de garantir l'intégrité de données, permet d'automatiser des tâches et d'échanger de la valeur dans n'importe quel secteur d'activité. Grâce à la blockchain, des entreprises se financent par des émissions d'actifs numériques ( Initial coin offering ou ICO ), désormais encadrées par la réglementation française. Ces ICO offrent aux PME une formidable opportunité de numériser leurs actions, dont l'échange, dès lors plus simple et rapide, répond au problème fréquent de liquidité des titres financiers non cotés.

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