Intervention de Geoffroy Roux de Bézieux

Réunion du mercredi 13 janvier 2021 à 14h00
Commission spéciale chargée d'examiner le projet de loi confortant le respect des principes de la république

Geoffroy Roux de Bézieux, président du Mouvement des entreprises de presse (MEDEF) :

Je vais revenir sur la dernière intervention. Je partage vos propos. Dans certaines entreprises à forte intensité de main-d'œuvre, avec une part importante de salariés musulmans, cette question a pu poser problème, puisque plusieurs salariés demandaient simultanément des horaires aménagés ou des congés. Le dialogue social et l'établissement d'un règlement intérieur ont cependant permis d'établir une forme de régulation ne nécessitant nul durcissement de la loi. Aujourd'hui, 20 % des entreprises ont un règlement intérieur, mais elles couvrent plus de 60 % des salariés. À ce stade, et avec beaucoup de prudence, l'arsenal législatif dont nous disposons nous semble suffire. Je suis néanmoins bien conscient que cette situation est extrêmement évolutive. Nous avons vu ce qui s'est passé entre 2015 et 2020. Il ne faut pas non plus nier l'émergence d'un phénomène générationnel, qu'il convient de prendre en compte. En fonction de l'âge, l'acceptation du fait républicain n'est pas exactement le même. En tant qu'organisations patronales, nous devons être vigilantes. Nous n'avons peut-être pas assez sondé nos adhérents pour avoir des remontées plus précises. Cela peut refléter un petit phénomène d'autocensure sur ces sujets.

Par ailleurs, je tiens à préciser certains de mes propos. L'épicerie casher ou halal est certes une entreprise communautaire, mais cela relève d'une certaine logique. Ma crainte porte sur l'instauration d'un système de recrutement communautaire, comme on a pu le constater dans l'activité des bagagistes de Roissy. Dans une entreprise privée, qui n'a pas de vocation communautaire de par la nature de son activité, et par un système de cooptation excluant un recrutement diversifié, il en résulterait ce phénomène de communautarisation. Cela équivaut au système de numerus clausus dans les ports, dans les années 1950, dans lesquels on ne pouvait être recruté que si l'on possédait telle ou telle carte syndicale – mutatis mutandis. Il y a un danger pour la République, parce que cela communautarise le monde de l'entreprise, qui n'a pas à l'être.

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