Intervention de François Asselin

Réunion du mercredi 13 janvier 2021 à 14h00
Commission spéciale chargée d'examiner le projet de loi confortant le respect des principes de la république

François Asselin, président de la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME) :

À travers les remarques des uns et des autres, il apparaît que l'entreprise est un acteur de la société, comme tout autre corps intermédiaire. Nous avons notre responsabilité sociétale, que nous nous efforçons d'exercer au mieux. Nous avons tendance à vouloir permettre à l'entreprise de régler ce que la société ne peut pas régler. Nous constatons des problèmes d'égalité femmes/hommes ou de seniors. Comme il y a un mandataire à la tête de l'entreprise, nous lui demandons de résoudre des problèmes que la société peine à résoudre. Or, parfois, l'entreprise y parvient. Nous recrutons parfois des jeunes qui ne savent pas lire, pas compter, ou qui ont des problèmes de comportement ou de savoir‑être, et nous parvenons à en faire des hommes et des femmes debout. Cette question de montée du radicalisme peut imprégner les entreprises, mais si toute la société n'agit pas, l'entreprise ne pourra pas y parvenir seule. Vous connaissez la publicité de McDonald's qui disait « venez comme vous êtes ». Elle est un peu courte, puisque, dans l'entreprise, il faut venir comme on est, à condition d'accepter ce que nous sommes. Cela renvoie à une remarque très juste de la part de plusieurs d'entre vous : combien de chefs d'entreprise ont-ils formalisé leur projet d'entreprise et les valeurs que porte leur entreprise ? C'est un premier exercice à faire en tant que chef d'entreprise que de définir la culture d'entreprise, sur la base de laquelle se décline le règlement intérieur lorsqu'il a besoin d'être rédigé ou amendé.

Concernant l'allusion faite par Mme Genevard à l'enquête, je ne remets pas en cause les chiffres communiqués, mais je vous confirme que nous ne constatons pas de problématique considérable sur ces sujets. Il y a quelques années, j'ai rencontré un de nos adhérents, également adhérent du MEDEF, le président de l'entreprise Paprec. Il était confronté à ce problème d'entrisme et de communautarisme dans son entreprise. Il voyait de plus en plus de femmes se voiler au sein de son entreprise. L'encadrement lui avait répondu qu'il était de plus en plus compliqué, pour les femmes de confession musulmane, de rester sans voile, en raison de certaines pressions en interne. Avec l'appui des partenaires sociaux, il avait utilisé le règlement intérieur pour la mise en place d'une charte de la laïcité pour régler ce problème d'entrisme. Il existe déjà des outils permettant de régler ce problème.

Sur la liaison sphère publique-secteur marchand, j'attends que mon entreprise soit nationalisée. Je deviendrai alors gérant d'un kolkhoze, et peut-être oligarque dans quelques années. Au niveau de la CPME, nous ne sommes pas allés dans le détail des articles, mais une analyse pourrait s'avérer nécessaire pour bien baliser ces aspects.

Sur la question des marchés communautaires, là où il y a un marché, il y a des marchands. Si une population veut acheter des biens étiquetés communautaires, des marchands répondront à ce marché. La frontière est celle balisée par Geoffroy Roux de Bézieux, puisqu'un problème pourrait se poser si venaient à apparaître des entreprises communautaires. Force est de constater que je ne vois pas d'instrument, dans l'arsenal dont nous disposons, susceptible de l'empêcher. Si un entrepreneur s'affiche de manière très radicale, quels sont les garde-fous pour éviter qu'il fasse de son entreprise une communauté radicale ? Nous ne disposons pas d'outil contre cela, hormis s'il veut faire des affaires dans la sphère publique. Concernant le lien public avec les organisations professionnelles, vous savez que les critères de représentativité, qui vous qualifient comme partenaires sociaux, vous obligent à répondre à des critères républicains, ce qui est écrit dans la loi. Je ne pense pas qu'il y existe un réel danger à cette aune, pour répondre à la question soulevée par M. de Courson.

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