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Je suis très heureuse de m'adresser à monsieur le premier ministre, étant donné que M. Zinsou a occupé cette fonction au Bénin, qui est un pays de la circonscription dont j'ai l'honneur et le grand privilège d'être élue. Toutefois, je souhaite surtout l'interroger en tant que fin analyste de l'Afrique et de nos relations avec le continent africain. En général, il s'agit de jeter l'opprobre sur l'action du président de la République et, plus généralement, sur notre pays, qu'il s'agisse des usines à trolls de puissances étrangères ou de certaines oppositions ici en France. Chacun se fait l'apôtre d'un déclinisme qui voudrait que notre pays perde pied sur le continent africain, qu'il paye sa présence coloniale passée et néocoloniale ...
...ères années. En effet, la Banque mondiale prévoit une progression de 2,25 % en Afrique subsaharienne en 2023, soit une baisse de plus de 2 points en deux ans. Bien sûr, ce chiffre post-crise Covid cache de fortes inégalités régionales. Par exemple, l'Afrique de l'Ouest est beaucoup plus dynamique que l'Afrique de l'Est mais, au total, 50 % de la population vit sous le seuil de pauvreté. Ainsi, le continent est le premier bénéficiaire de l'APD à hauteur d'environ 50 milliards par an selon l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Monsieur Zinsou, en tant que président d'une banque d'investissement qui produit également du conseil aux États, sur quels secteurs les acteurs privés internationaux peuvent-ils réellement influer en termes de développement : santé, éducation ou...
...istre, de bousculer nos idées reçues, de nous inviter à reconsidérer l'image qui est la nôtre et de me contredire si, dans les questions que je vais vous poser, il y a des affirmations qui vous paraissent absolument décalées. Nous savons que les défis de l'Afrique sont à la fois nombreux et immenses mais nous n'avons pas beaucoup parlé du défi climatique. Le réchauffement frappe plus durement ce continent que le reste de la planète, alors même que la contribution de l'Afrique à ce phénomène, mesurée en termes d'émission de gaz à effet de serre par habitant, est très inférieure à celle des autres continents. Comment peut-on remédier à cette injustice ? Sur le plan économique, la logique de la mondialisation pousse l'Afrique à livrer au reste du monde ses énergies fossiles et ses métaux rares, alor...
...et d'autonomie alimentaire mais mes collègues vous ont déjà interrogé sur ces sujets. Dans votre livre La France et l'Afrique, publié en 2020, vous écrivez la chose suivante : « Grâce au partage de la langue, au soutien des artistes, à la sauvegarde du patrimoine ou à la restitution des œuvres d'art, on reconstruit du respect, on rend mémoire, on exauce l'histoire. C'est la jeunesse du continent qui le demande. C'est elle qui veut pouvoir retrouver l'histoire précoloniale, celle des grands empires ». Du fait de votre travail au sein de la Société des Amis du musée Branly et de votre fondation culturelle, avez-vous déjà été confronté à la question d'une restitution d'objets culturels ou de restes humains ? Que pensez-vous du texte de loi récemment adopté par le Parlement français au s...
...ique était plurielle et qu'elle sera, même si nous n'en doutions pas, un géant du XXIe siècle. Selon la manière dont elle se développera dépendront à la fois le bonheur des Africains et l'équilibre du monde et de l'Europe. Vous avez dit que la transition démographique était très rapide dans certains pays et je voudrais me concentrer sur le Sahel, qui est quand même la grande zone de faiblesse du continent africain, notamment suite à l'intervention malheureuse en Libye, et sur votre vision des moyens concrets d'améliorer et de créer cette transition démographique. Ce sujet est tabou en France mais pas pour les dirigeants de cette zone, puisque quantité de chefs d'État et de gouvernement en ont parlé. Il s'agit d'un problème majeur, lié au statut des femmes et à la manière dont, dans cette période t...
Malgré des engagements militaires qui s'accentuent en Afrique, la France a opté pour une stratégie économique forte sur le continent. L'exemple du Nigéria est particulièrement parlant puisque les échanges économiques entre nos deux nations ont doublé depuis dix ans, faisant ainsi du Nigéria le premier partenaire commercial de la France en Afrique subsaharienne et le quatrième sur le continent derrière le Maroc, l'Algérie et la Tunisie. Le Nigéria compte en outre plus de 10 000 travailleurs français et le siège de près d'une ce...
La France est parfois accusée de néocolonialisme économique et monétaire à travers le franc CFA, qui fait l'objet de critiques depuis sa création. Celles-ci sont devenues l'un des principaux sujets de contestation dirigés contre la France en Afrique de l'Ouest, et cela souvent à tort. La non-stratégie en matière de politique africaine de la France démontre la défaillance de notre pays envers un continent que nous avons pourtant aidé à se développer au cours de son histoire. Ceci risque d'être fort préjudiciable pour notre pays et d'entraîner une perte de confiance économique pour les entreprises françaises en Afrique. Un débat est en cours sur un changement de monnaie et, pour certains, il entraînera une nouvelle perte d'influence. Pouvez-vous nous donner votre position sur ce débat ?
...ers les interventions des présidents Ramaphosa, Ruto et Sall, les pays africains se sont montrés très favorables à l'agenda de Paris pour les peuples et la planète. Ils sont apparus coordonnés, revendiquant un poids politique accru dans les instances multilatérales et un rôle beaucoup plus actif dans une gouvernance mondiale transformée. L'Afrique est au cœur de notre APD, dont un tiers va sur le continent africain et est concentrée sur dix-neuf pays. J'aimerais avoir votre regard sur l'évolution de la coopération française en Afrique. Devons-nous et pouvons-nous faire évoluer un système, encore très largement basé sur des subventions, vers une relation davantage partenariale ? Êtes-vous favorable à l'annulation ou à la restructuration des dettes souveraines africaines ?
Outre les questions sécuritaires, l'échec politique de la présence militaire française au Sahel ne doit pas nous faire éluder les enjeux climatiques, environnementaux, sociaux ou économiques qui nous lient au continent africain. Pour faire face à ces défis, notre programme fait le choix de l'intérêt général humain, de la coopération, bien loin des logiques néolibérales de la Macronie et de ses soutiens politiques et financiers à des régimes en pleine dérive autoritaire. Par exemple, le gouvernement Talon a condamné à l'exil ou enfermé ses opposants politiques, tels que l'ancienne ministre Reckya Madougou, à qui...
...erres rares et je souhaiterais aborder l'exploitation et la valorisation de ces ressources en Afrique. Il a été maintes fois dit que les pays africains étaient riches de nombre de ressources. Or, de leur exploitation découlent de nombreux enjeux stratégiques, économiques, sociaux et environnementaux. Comment évaluez-vous l'importance de ces ressources dans le développement économique des pays du continent, notamment au regard de l'influence croissante de la Chine, et même de la Russie, sur le secteur minier en Afrique ? De même, comment envisagez-vous le renforcement du partenariat économique franco-africain dans le domaine minier, permettant à la fois le développement économique des pays du continent et de la sécurisation des approvisionnements français ?
...Chine ou la Turquie prennent de multiples formes. Elles se déploient aussi bien sur les plans diplomatiques, militaires, commerciaux, mais aussi la coopération humanitaire, sans oublier l'organisation de grands sommets comme celui de Saint-Pétersbourg cette année, le sommet Russie Afrique ou sommet Turquie-Afrique en 2021. Ces influences concurrentes s'avèrent problématiques pour la stabilité du continent africain, d'autant que plus que, contrairement à la France, ces compétiteurs proposent de répondre aux besoins immédiats des pays africains sans jamais conditionner leur aide à des exigences de gouvernance ou de droits humains. Par ailleurs, ces pays mènent une véritable guerre informationnelle contre la France en exacerbant le sentiment antifrançais dans les opinions publiques africaines. Par ex...
Si l'Afrique semble aujourd'hui pour partie rejeter le modèle et la pensée occidentale, elle jette son dévolu sur des nations plus dures, parfois autoritaires, qui savent user de leurs atouts pour s'implanter sur un continent africain impacté d'ailleurs par le terrorisme. De tous les nouveaux acteurs sur le continent africain, la Russie est celui qui a le plus accru son influence. Si son engagement ne date pas d'hier, Moscou s'appuie dorénavant sur des moyens irréguliers, souvent extra-légaux, pour étendre son influence mercenaire des informations ingérence électorale soutien au coup d'État et accords d'échanges d'ar...
Depuis plusieurs semaines, nous avons engagé au sein de la commission de la défense nationale un travail important sur la question de l'influence, de la stratégie, et de la place de la France sur le continent africain. J'aimerais aujourd'hui me concentrer sur le sujet russe. Nous savons tous que la Russie, principalement autour du groupe paramilitaire Wagner, a vu son influence fortement grandir ces dernières années en Afrique. Monsieur Audinet, vous avez indiqué que l'un des principaux objectifs de la Russie en Afrique est d'acquérir une influence sur les territoires stratégiques le long de la Médit...
...us croyons que la situation est plus complexe et que la France gagne par exemple du terrain en Afrique non francophone. Vos présentations étaient très claires et mes questions se situent plutôt sur les intersections et les hiérarchies. Des trois acteurs russes, chinois et turcs, quels sont selon vous les plus influents ? Leur influence a-t-elle atteint des niveaux réellement significatifs sur le continent ? M. Guiffard a replacé l'intérêt turc en Afrique dans le contexte des priorités du pays à l'égard d'autres zones du monde, comme les Balkans. Peut-on en faire de même pour la Russie et la Chine ? S'agissant des motivations, lors d'autres auditions, nous avons constaté que la Russie recherchait plutôt le chaos ailleurs et la Chine la prédation sur place, mais que tous poursuivaient l'affermissem...
Compte tenu de l'expansion rapide des activités géopolitiques de la Russie, de la Chine et de la Turquie en Afrique, notamment à travers des investissements économiques substantiels, des alliances militaires et des initiatives culturelles, comment voyez-vous l'évolution de l'influence française sur le continent ? Quelles seraient selon vous les approches les plus efficaces pour la France, afin de préserver ses intérêts économiques, politiques et culturels en Afrique ? Pourriez-vous également discuter des implications à long terme de la présence renforcée de ces acteurs sur la stabilité régionale et sur les relations franco-africaines, en tenant compte des héritages historiques et des dynamiques actuelle...
Nous allons évoquer ce matin les enjeux de notre défense en Afrique alors que le Président de la République a annoncé une réorganisation d'ensemble de notre présence militaire sur le continent africain. Pour nous en parler ce matin, nous avons le plaisir d'accueillir trois chercheurs. Monsieur Alain Antil, vous êtes directeur du centre Afrique subsaharienne de l'Institut français des relations internationales (Ifri). Spécialiste des questions de sécurité au Sahel, vous enseignez à l'Institut d'études politiques de Lille et à l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Vous aurez sans dout...
...s sur les défis de la démilitarisation de la politique africaine de la France. En tant que président du groupe d'amitié France-Djibouti et vice-président du groupe d'amitié France-Tchad, je suis particulièrement sensible à la question de la présence militaire française en Afrique. La remise en question de cette présence s'inscrit dans un contexte qui met à l'épreuve la sécurité et la stabilité du continent. Certains pays africains veulent le retrait des troupes françaises, tandis que d'autres maintiennent des bases militaires pour une coopération stratégique. Un exemple récent de cette évolution concerne le retrait progressif de nos forces au Niger en octobre dernier. Un autre point porte sur les discussions en cours entre les ministres français et djiboutiens pour réviser le traité de coopération...
...e terrorisme a fortiori islamiste se désengagent alors que ce combat est encore inachevé ? Certes, l'intervention militaire n'est pas la seule réponse viable au terrorisme, mais elle n'en reste pas moins nécessaire : on ne combat pas des fanatiques violents par la parole. Comment ne pas considérer cette perspective de désarmement comme un affaiblissement de la puissance de la France sur le continent ? Cela serait d'autant moins compréhensible que d'autres puissances comme les États-Unis maintiennent leur position et que des compétiteurs comme la Russie ne se privent pas de maximiser leurs intérêts en Afrique. Nous ne devons pas oublier que la France n'est intervenue au Mali en 2013 qu'à la demande des autorités maliennes et que le rôle qu'elle a joué dans ce contexte a été largement reconnu...
Mes chers collègues, nous continuons cet après-midi notre cycle de travaux sur l'Afrique, avec une audition consacrée à l'avenir du continent africain face à l'enjeu climatique. Nous avons la chance de mener cette audition conjointement avec, d'une part, la commission du développement durable et de l'aménagement du territoire et, d'autre part, la commission des affaires étrangères. Je tiens donc à remercier les présidents de ces commissions, MM. Jean-Marc Zulesi et Jean-Louis Bourlanges d'avoir accepté cette audition conjointe. Je me ...
Le compte-rendu de cette réunion conjointe est lisible à l'adresse suivante : https://www.nosdeputes.fr/16/seance/2329.