Les amendements de Louis Boyard pour ce dossier
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Monsieur Dussopt, j'ai appris quelque chose d'incroyable ce week-end : vous êtes ministre du travail depuis le début de cette législature, qui marque aussi le début de mon mandat.
Je vous ai vu défendre la réforme des retraites, avec ses 15 milliards d'euros d'économies, la réforme de l'assurance chômage, avec ses 2,5 milliards d'économies, et je vous vois à présent soutenir ce projet de loi, qui aboutira à radier massivement les bénéficiaires du RSA. Je ne sais pas quel est le montant des économies qu'il permettra de ré...
Je sais que cette qualification vous choque, mais moi, Macron, je lui reproche non pas d'être banquier, mais de mener une politique de banquier pour la France, start-up nation qui compte 5 millions de personnes au chômage, 9 millions de personnes qui ne mangent pas à leur faim alors que les Restos du cœur sont en faillite et 300 000 pers...
Je lui reproche de diriger la France comme une banque qui rémunère mal ses salariés – et même, pire, leur vole de l'argent. Mes chers collègues, depuis la crise de 2008, c'est-à-dire depuis quinze ans, l'augmentation des salaires a été de 13 % et celle des prix de 23 %. Autrement dit, depuis quinze ans, les salaires augmentent moins que les pri...
… vous observerez que depuis quinze ans, l'augmentation des revenus des milliardaires a été non pas de 13 %, ni même de 23 %, mais de 270 %. Oui, 270 % !
Depuis quinze ans, les salaires des Français baissent par rapport aux prix et les revenus des milliardaires augmentent : cherchez l'erreur. Depuis quinze ans, la part consacrée à la rémunération du travail a diminué de 5 % alors que celle de la rémunération du capital a augmenté de 5 % : cherchez l'erreur. L'abbé Pierre disait : « la politique...
Et encore, si le seul problème était le salaire, monsieur le ministre ! Mais malheureusement, la start-up nation rend les conditions de travail pires encore. Je vais prendre l'exemple de la sous-traitance. Pour ceux qui ne savent pas ce que c'est, je dirai que c'est un peu comme McKinsey avec le Gouvernement : une entreprise vient vous v...
Encore que, en acceptant de verser 1 million d'euros à McKinsey pour des documents PowerPoint, vous ayez fait montre d'une politique salariale très généreuse ! Laissez-moi vous parler de mon meilleur ami, Lilian, qui travaille dans la sous-traitance…
…à l'aéroport d'Orly. Lilian travaille de nuit, mais il ne perçoit que 4 % de plus pour cela – oui, 4 % ! Accepteriez-vous de le faire, vous ?
J'aurais pu poser cette question au ministre du travail, mais il semble trop occupé pour écouter, trop occupé à réaliser des économies et à recourir lui-même à la sous-traitance. Car en effet, monsieur Dussopt, le PDG d'Air France a annoncé son intention de délocaliser les emplois de l'aéroport d'Orly vers celui de Roissy-Charles-de-Gaulle.
Pas moins de 1 000 salariés sont concernés. Et ceux qui voudront rester à l'aéroport d'Orly devront travailler pour Transavia, filiale low cost, qui fait dans la sous-traitance. Monsieur le ministre, comment pouvez-vous demander à ces salariés d'aller travailler dans la sous-traitance ? C'est bien l'État qui est actionnaire majoritaire d'Air Fr...
Quelque 3,5 millions de salariés exercent dans la sous-traitance, soit 20 % de plus qu'il y a quinze ans. Vous ne faites qu'empirer la situation ! À ce stade, je me suis posé une question que de nombreux Français se posent tous les jours : existe-t-il un domaine dans lequel le Gouvernement est compétent ? J'ai longtemps réfléchi, longtemps che...
Vous cherchez à les monter les uns contre les autres sur tous les sujets : le travailleur contre le chômeur, le Français contre l'immigré, le jeune contre le retraité, les guerres de religion
En effet, cela vous permet d'éviter que l'Assemblée nationale aborde l'un des sujets de préoccupation majeurs des Français : la lutte des classes.
Ne sous-estimez pas cette question ! 83 % des Français estiment que la lutte des classes est une réalité dans notre pays, et ils ont raison. Ils ont raison au vu des délocalisations ;
ils ont raison au vu des baisses de salaires ou des conditions de travail ; ils ont raison, enfin, lorsqu'ils vous désignent comme les principaux responsables du chômage structurel en France.
Ne croyez pas que les Français sont d'accord avec ce que vous racontez sur les chômeurs et les gens au RSA !
Tout le monde comprend bien que vous cherchez à monter les Français les uns contre les autres. Tout le monde sait qu'un RSA de confort, cela n'existe pas : vivre avec 600 euros en période d'inflation, ce n'est pas du confort !
Tout le monde sait que le chômage de confort, cela n'existe pas. D'ailleurs, les trois quarts des chômeurs ne sont même pas indemnisés. Vous devriez plutôt vous interroger sur les raisons qui conduisent ces derniers à refuser des emplois. La réponse est très simple : nous aimerions bien vous voir, vous, monsieur le ministre du travail, travaill...
…ou dans les métiers en tension, rester debout quinze heures par jour face à des clients qui vous parlent mal, galérer dans les transports ou dans la bagnole, pour un montant net de 1 383 euros par mois ! Nous aimerions vous y voir !