Je souscris à ce qui vient d'être dit par mon collègue Benjamin Lucas. La lecture de l'alinéa 183 a de quoi surprendre : le ministère de l'intérieur a-t-il vocation à décider de ce qui relève de l'éducation ? quelles sont ses compétences en la matière ? par qui seront assurés les enseignements de ces classes de reconquête républicaine, dont le nom – je rejoins Ugo Bernalicis – est vraiment très mal choisi ? quels seront les enseignements et quelles méthodes pédagogiques seront-elles utilisées ? En fait, nous n'en savons rien.
Le ministère de l'intérieur prétend, par cet alinéa, résoudre le problème du décrochage. Or c'est une enseignante qui vous parle – une enseignante d'ailleurs habituée à plus d'attention de la part de ses élèves qu'elle n'en reçoit ce soir des bancs de la commission et du Gouvernement : depuis des années, les enseignantes et les enseignants de ces quartiers laissés à l'abandon par les politiques libérales essaient de mettre en place des pratiques innovantes, avec les moyens du bord et souvent sans le soutien de leur ministre de tutelle. Leurs expérimentations, fruits de la collaboration avec des chercheurs, qui ont été mises en place il y a quelques années sont de plus en plus rares, faute de moyens.
Le décrochage scolaire s'enracine souvent dans deux types de terreau : soit des situations familiales complexes – et il faudrait davantage de psychologues scolaires –, soit dans des situations de précarité extrême, parce que ces quartiers ont été complètement abandonnés par les services publics.
De quelle méthode magique disposez-vous, monsieur le ministre ? La dernière fois qu'on a vu un policier à l'œuvre dans les affaires scolaires, c'était en décembre 2018, pour mettre à genoux des lycéens et des collégiens plusieurs heures durant, la main sur la tête ou dans le dos, et se félicitant d'avoir une classe qui se tenait sage. Non, monsieur le ministre, nous n'avons pas oublié ces lycéens menottés et nous proposons donc de supprimer cet alinéa.