En quoi consiste cette réforme importante ? Le ministère de l'intérieur est une belle administration, mais ses différentes directions ont tendance à travailler en silos. Ce n'est pas vrai de toutes les directions puisque la direction générale de la gendarmerie, rattachée depuis quelque temps au ministère de l'intérieur, fonctionne, elle, en pyramide, tout comme la préfecture de police de Paris. Mais les polices qui ne relèvent ni de la zone gendarmerie ni de la zone police – la police aux frontières, les renseignements territoriaux malgré leurs liens avec les gendarmes, la police judiciaire, la sécurité publique – travaillent chacune de leur côté. Ce fonctionnement, qui s'était montré efficace à une époque où la criminalité était très différente, ne l'est plus, malgré les moyens que nous y mettons et l'excellent travail des agents de police judiciaire – c'est un métier de passion, un métier difficile porteur de risques physiques, où l'on ne compte pas ses heures car les cycles horaires n'y ont rien à voir avec ceux de la sécurité publique.
Depuis quinze ans, on constate sur le territoire national une augmentation des homicides hors attentats et des trafics, notamment de stupéfiants, qui se sont internationalisés et numérisés. Ce n'est plus le gang des Lyonnais ni celui du Petit Bar, ce ne sont plus les films des années 1980 et 1990 ; la criminalité d'aujourd'hui, c'est quelqu'un à Dubaï qui commande des conteneurs de drogue sur les mers du monde ; ils arriveront dans le port du Havre, seront déchargés par des complices et des voyous,…