Au-delà des questions de principe et de défense de l'État de droit se pose également celle de l'efficacité. Or ce que vous proposez entamera la capacité de la police judiciaire à intervenir sur le haut du spectre. Certes, le bas du spectre est aussi important, mais cloisonner géographiquement les effectifs au niveau départemental, alors que l'on connaît l'envergure de la délinquance financière, de la délinquance en col blanc ou encore du trafic d'armes – dont il n'est d'ailleurs pas question dans le rapport –, diminuera leur efficacité.
Cela nous fait tout autant craindre de voir ces effectifs de police judiciaire soumis à la « batonite » car, en termes de chiffres, les affaires locales sont beaucoup plus rentables que celles qui demandent du temps et du renseignement. En matière de stupéfiants, par exemple, vous parlez d'éradiquer les points de vente : aborder le problème sous cet angle revient, selon nous, à vider la mer avec les mains mais, même si on considérait que c'est la bonne solution, ce n'est pas à coup de caméras de surveillance – lesquelles sont d'ailleurs démontées dans la journée par les voyous – qu'on réglera le problème. C'est en démantelant les filières ; le reste ne marche pas, c'est de l'affichage. Et si vous voulez que l'on parle des élus locaux de la ville de Grenoble, ce qu'ils réclament, ce sont des opérations de police judiciaire pour démanteler les filières qui alimentent le trafic de stupéfiants, à Mistral en particulier où un voyou continue de piloter le trafic depuis sa cellule de prison.