Le président de la commission des affaires étrangères ne peut que se réjouir évidemment de la quasi-unanimité avec laquelle cette assemblée s'apprête à se prononcer, sur la base de l'excellent rapport de M. Dumont. Notre rapporteur n'a pas évoqué le drame qui s'est produit il y a un an au large de Calais, et Dieu sait pourtant qu'en tant que député du lieu, il est particulièrement attentif à la question. Mais il a eu raison parce que c'eût été un cavalier délibératif alors que nous traitons seulement des questions de sûreté maritime dans les navires à passagers.
Cela étant, tous ici, nous ressentons avec énormément de douleur et sans doute un sens très profond de notre responsabilité les défaillances de l'État qui ont abouti à la disparition absolument tragique de vingt-sept personnes, dont un adolescent et un enfant. Les orateurs de plusieurs groupes l'ont, eux, évoqué et je crois que la commission des affaires étrangères ne peut que s'associer à la profonde préoccupation qu'ils ont exprimée. À titre personnel, je pense que l'État – c'est-à-dire tout le monde, le Gouvernement, l'administration et indirectement le Parlement… L'État, disais-je, n'a pas été alors à la hauteur de ses responsabilités. Cette défaillance est ineffaçable et impardonnable de par ses conséquences. Tous ceux qui ont lu les articles à ce sujet dans la presse, notamment dans Le Monde récemment, ont ressenti avec douleur et même avec honte ce qui s'est passé.
Monsieur le secrétaire d'État, nous savons bien que des procédures judiciaires sont en cours et nous n'avons pas à interférer dans leur déroulement. Mais il n'y a pas que la justice : il y a aussi l'État, l'administration et les responsabilités politiques qui sont les nôtres. À cet égard, j'ai le sentiment que depuis un an, pas grand-chose n'a été fait ou en tout cas rendue publique concernant l'analyse des dysfonctionnements et des responsabilités, ainsi que des solutions à apporter pour qu'un drame pareil ne puisse jamais se reproduire.
Je sais que vous êtes particulièrement sensible à cette très grave question et je demande que le Gouvernement prenne toutes ses responsabilités et éclaire non seulement cette assemblée mais aussi la France sur ce drame impardonnable qui nous engage tous.