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Intervention de Henri Alfandari

Séance en hémicycle du mercredi 16 novembre 2022 à 15h00
Déclaration du gouvernement sur la politique énergétique de la france

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaHenri Alfandari :

…l'impérieuse nécessité de la reconstruction et de la modernisation. C'est pour cela que fut créé le Commissariat général au Plan, qui reçut pour mission de fixer les priorités, de mobiliser les moyens et d'accroître la productivité de l'économie française. »

Il y eut ensuite les années 1960, où le général de Gaulle assit l'indépendance stratégique de notre armée en développant le nucléaire militaire, ouvrant ainsi la voie au programme de nucléaire civil.

Il y eut le choc pétrolier de 1973, qui décida Valéry Giscard d'Estaing à lancer la construction de treize réacteurs entre 1974 et 1975. Ces réacteurs et ceux qui les ont suivis contribuèrent jusqu'ici, à défaut d'une véritable indépendance énergétique, à notre souveraineté et à un vrai confort d'approvisionnement.

Arrivé au pouvoir, François Mitterrand, plutôt que de défaire ce qu'avaient bâti ses prédécesseurs, marcha sur leurs traces.

Il y eut également des détours et des échecs : l'arrêt et le démantèlement de Superphénix, l'abandon du projet Astrid, la lenteur du déploiement des énergies renouvelables, ou encore l'Arenh, dispositif daté, qui a largement contribué à l'affaiblissement de notre opérateur historique et a battu en brèche la cohérence de la stratégie énergétique française au regard des directions prises par nos partenaires européens. Il prendra heureusement fin en 2025, mais nous devrons rester vigilants quant à l'évolution des règles européennes.

À l'heure actuelle, nous n'avons pas atteint nos objectifs en matière de transition écologique et énergétique. Pour ce faire, nous avons besoin de leviers d'action.

En premier lieu, il nous faut un vrai marché des crédits carbone. Donner un prix au carbone est l'outil d'une transition écologique juste et efficace, capable de garantir aux citoyens et aux entreprises l'accès à une énergie propre et bon marché, d'accélérer l'adaptation de l'économie et de l'agriculture, de permettre le financement de services publics décarbonés – notamment d'une mobilité facteur d'équité territoriale –, et générateur de biodiversité grâce à la séquestration constante de dioxyde de carbone qu'exige la transition. Dans la lignée du Commissariat au Plan, le marché du crédit carbone est un levier qui ne consacre pas le triomphe du dirigisme sur l'économie de marché.

N'oublions pas tous ces moyens d'action qui peuvent paraître mineurs, mais sont en réalité cruciaux, et que nous pouvons employer dès maintenant : la protection de la biodiversité et des ressources, la préservation de la qualité de l'eau et des paysages, la conservation des terres agricoles, le développement des circuits courts, la lutte contre la pollution, notamment la pollution plastique ; enfin, tout ce qui touche à la consommation, surtout à la consommation superflue dont nous pourrions nous passer sans porter atteinte à notre mode de vie.

Il faut également placer au cœur des débats la question opérationnelle, faute de quoi nous courons le risque d'en rester indéfiniment aux pétitions de principe. Nous devons pallier enfin ce qui nous a manqué : la capacité à appliquer nos décisions. Il faut pour cela que l'État fixe des objectifs fermes, tout en s'appuyant sur les territoires, leurs élus et leurs administrés pour qu'ils s'approprient et déploient cette stratégie sur le terrain au bénéfice des habitants, de notre souveraineté et de la résilience de notre modèle.

Un modèle, c'est ce dont la France a besoin et ce que nous devons bâtir : un modèle utile à nos concitoyens, mais aussi à nos partenaires européens, sans oublier les pays en développement, qui aspirent au progrès et pour qui ce modèle doit être source d'inspiration.

N'oublions pas nos amis allemands. Nous devrons trouver les moyens de les faire profiter de la robustesse du futur mix énergétique français, un mix décarboné s'appuyant à la fois sur le nucléaire et le renouvelable, qui donnera demain à toute l'Europe ce qui était hier le seul avantage compétitif de la France.

Mes chers amis ! Je vous appelle amis, car la fraternité fait partie de notre devise nationale. C'est cette fraternité que nous nous devons les uns aux autres, car nous avons la responsabilité de bâtir ou de conserver un contrat social permettant à chacun de trouver sa place dans cette odyssée qu'est l'adaptation au changement climatique.

Au-delà de l'effroi et de la sidération face à cette crise qui se dessine, nous devons, à force d'unité, en faisant le choix de l'intérêt général, définir clairement le monde que nous voulons bâtir demain. Cela commence aujourd'hui, grâce à ce débat, grâce aux deux projets de loi prévoyant l'accélération de la production d'énergies renouvelables et d'énergie nucléaire, qui sont les deux faces d'une même pièce, et grâce à la PPE qui fixera nos ambitions pour les prochaines années, si importantes pour le siècle à venir.

Les députés du groupe Horizons en sont convaincus : nos concitoyens ne comprendraient pas que nous, membres de cette assemblée représentant la diversité de notre pays, ne sachions pas nous hisser tous ensemble à la hauteur des attentes qu'ils placent en nous quant à la conduite de leur avenir.

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