Il leur faut réduire les coûts, maintenir des prix bas, nourrir et même gaver les concurrents, et enfin gérer voire accompagner le déclin du nucléaire, marqué par la fermeture de Fessenheim, l'arrêt du réacteur rapide refroidi au sodium à visée industrielle Astrid et la fermeture de quatorze réacteurs inscrite dans la programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE) aujourd'hui opposable.
En même temps, le marché devait s'occuper des énergies renouvelables, sans considération des territoires, des habitants ni, pour l'éolien offshore, des travailleurs de la mer, et sans véritable structuration d'une filière industrielle « made in France » dans les secteurs de l'éolien terrestre et du photovoltaïque – c'est moins le cas, je le concède, de l'éolien en mer. Et tout cela s'est fait en laissant s'envenimer les relations entre les filiales d'Areva et d'EDF et en accréditant l'idée d'une filière sans cap, sans tête, perdant chaque jour un peu plus ses savoir-faire, contrainte d'aller chercher à l'étranger – à un prix exorbitant – la validation de ses concepts techniques.
Le Gouvernement s'étonne du manque de réactivité d'EDF face au phénomène de corrosion sous contrainte et feint d'ignorer les particularités de l'organisation du temps de travail dans les centrales nucléaires. Surtout, il fait l'impasse – le député normand que je suis considère cette question comme un enjeu stratégique – sur la perte de savoir-faire et sur les besoins de main d'œuvre, faute d'une stratégie globale et cohérente.
Dans le même temps, l'Allemagne – au nom d'une prétendue écologie – fermait ses réacteurs, renforçait sa dépendance à l'égard du gaz russe et faisait tourner à plein régime ses centrales à charbon tout en faisant la loi au sein de la Commission européenne.