Je consacrerai justement quelques mots au biogaz. Nous sommes lucides : certaines industries ne pourront tout électrifier et auront toujours besoin de gaz. Dans cette perspective, le biogaz est le meilleur levier en vue de décarboner ; il profitera en outre à l'économie et aux territoires. Il représente une chance pour les agriculteurs, qui pourront y trouver une source de revenu complémentaire tout en valorisant leurs déchets et en produisant des engrais naturels ; une occasion de développement économique pour les territoires ruraux, où seront ainsi créés des emplois non délocalisables. Nous nous sommes donc fixé des objectifs ambitieux en matière de méthanisation. Des mesures visant à faciliter et accélérer son déploiement ont d'ores et déjà été prises ; d'autres vous seront soumises au sein du projet de loi concernant les énergies renouvelables.
Mesdames et messieurs les députés, notre transition énergétique passe par une stratégie nationale ambitieuse mais elle devra être construite et menée avec l'Union européenne. Bien sûr, il peut y avoir des débats car les situations sont très différentes d'un pays à l'autre, mais nous sommes convaincus que nous serons plus forts à ce niveau, dans un marché et face à des enjeux à l'échelle mondiale. L'Union européenne nous permettra d'aller plus vite et de gagner plus efficacement notre indépendance. Lors de la présidence française du Conseil de l'Union européenne, nous avons franchi des étapes majeures. Au cours du sommet de Versailles, les Vingt-Sept sont tombés d'accord pour sortir au plus vite de leur dépendance aux hydrocarbures russes et pour accélérer leur sortie des énergies fossiles. C'est historique. Nous sortirons du gaz et du charbon grâce à l'Europe. C'est aussi avec elle que nous ferons baisser plus fortement et plus rapidement notre empreinte carbone.
Comme de nombreux groupes l'avaient demandé et comme je m'y étais engagée, je viens de vous présenter les grandes orientations de la stratégie énergétique de la France, une stratégie claire, organisée, une stratégie à tous les niveaux, qui s'incarnera au plus près des territoires et se pensera en Européens, une stratégie qui nous donne les moyens d'atteindre la neutralité carbone. Bien sûr, le sujet se prête aux discussions, aux échanges – parfois même aux passions. Je suis impatiente de mener le débat avec vous mais avant de vous laisser la parole je souhaite partager deux convictions.
La première, c'est que nous allons vivre mieux grâce à la transition énergétique. Bien sûr, des changements rapides s'engagent. Ils peuvent paraître vertigineux à certains de nos concitoyens : nous devons les accompagner, les rassurer. La décarbonation et la sobriété vont nous protéger des crises à venir. Elles permettront de mieux maîtriser les prix. Elles seront synonymes de justice sociale car chacun contribuera selon ses moyens, et car nous aiderons ceux dont les modes de vie et de travail seront les plus touchés.
Ma seconde conviction, c'est que la transition énergétique va de pair avec la croissance et la création d'emplois.