Deux constats s'imposent. Le premier concerne l'ampleur des dégâts de la politique européenne de l'énergie depuis le traité de Maastricht. En moins de trente ans, la libéralisation des marchés de l'électricité et du gaz a placé l'Europe et les Européens au bord du précipice. Pire, en appuyant la dérive de la politique énergétique allemande avec l'indexation des prix de l'électricité sur le gaz et la multiplication des centrales thermiques au gaz pour compenser les énergies renouvelables intermittentes, ce système européen est une machine à spéculation.
Le second constat est que la France subit de façon absurde les conséquences de la volatilité des cours du gaz sur le marché européen de l'électricité, alors que sa production d'électricité provient aux trois quarts de centrales nucléaires. Face à l'explosion des prix, la Commission européenne avait appelé, en septembre, à découpler le prix de l'électricité de celui du gaz. Qu'en est-il, à l'issue du Conseil européen des 20 et 21 octobre ? Je retiens trois points. D'abord, « un nouvel indice de référence complémentaire d'ici le début de l'année 2023 qui reflète plus exactement les conditions du marché du gaz » : concrètement, c'est quoi ? Ensuite, « un corridor de prix dynamique temporaire pour les transactions portant sur le gaz naturel » : concrètement, c'est quoi ? Enfin, « un cadre temporaire de l'Union européenne visant à plafonner le prix du gaz utilisé dans la production d'électricité […] sans modifier l'ordre de préséance économique » : concrètement, c'est quoi ?
Pour résumer : premièrement, le gaz, toujours le gaz ; deuxièmement, l'étalon gaz, toujours l'étalon gaz ; troisièmement, le poids de l'Allemagne, toujours le poids de l'Allemagne. Bref, rien de nouveau ! Partagez-vous mon point de vue ?