Gérer l'adéquation entre les moyens de production et la demande va être un travail essentiel à moyen terme. EDF gère en ce moment une crise de court terme, qui est née de l'indisponibilité d'une partie du parc de production. J'espère qu'on reviendra très vite à des niveaux de production habituels pour le pays, après avoir réglé le problème de la corrosion sous contrainte.
À moyen terme, l'électrification grandissante des usages va accroître la demande, tandis que des capacités nouvelles de production devront être créées. Il s'agit pour EDF d'un défi financier, technique et humain. Quel que soit le scénario étudié par RTE, de six ou quatorze EPR, de tel ou tel pourcentage d'énergies renouvelables, le facteur déterminant est la capacité industrielle d'EDF à créer ces nouveaux moyens de production. C'est sur cette capacité industrielle de tous les métiers qu'il convient de se focaliser et c'est ce que je compte faire.
Au-delà de la production centralisée, et si j'en juge par l'expérience que j'ai d'autres marchés, la production réellement décentralisée, l'autoconsommation, est sous-exploitée en France et en Europe. Or cette autoconsommation peut apporter des capacités de production supplémentaires, même si elle s'accompagne de contraintes sur le réseau, de régulation et d'équilibre notamment. C'est une façon de créer du parc de production rapidement, alors que le temps est notre plus grand ennemi, et d'apporter un peu de flexibilité. À la complexité de la tâche qui attend EDF s'ajoute la complexité administrative, qui je crois occupe le Parlement en ce moment.
C'est la combinaison de tous les éléments évoqués – moyens financiers adéquats, autofinancement, régulation et structurations des filières industrielles – qui permettra de bâtir les futures capacités de production d'EDF.