Chacun le constate, la trajectoire défavorable à l'atome, décidée il y a dix ans par François Hollande et assumée par Emmanuel Macron ces cinq dernières années, nous a menés dans l'impasse.
Depuis la dernière campagne présidentielle, après une valse-hésitation, M. Macron a changé d'avis. En quelques semaines, il a franchi la frontière qui sépare le nucléaire honteux du nouveau nucléaire, synonyme de réindustrialisation, de souveraineté et d'électricité abondante et bon marché. Mieux vaut tard que jamais ! Malheureusement, ce tournant intervient au moment où les acteurs de la filière sont affaiblis. Qui plus est, nous n'en sommes encore qu'au stade des déclarations ; la loi n'a toujours pas été modifiée et la fermeture de douze réacteurs nucléaires est toujours d'actualité.
Le Président de la République tente de faire oublier le désastre de la vente de la branche énergie d'Alstom à General Electric, à laquelle vous avez contribué dans le cadre de vos missions pour Bank of America Merrill Lynch. Le groupe LR considère que vous portez une lourde responsabilité à cet égard. Comble du cynisme, si votre nomination est confirmée, il vous faudra superviser le rachat par EDF de ces activités d'Alstom, annoncé par le Président de la République.
Vous devrez relever un double défi : faire en sorte qu'EDF renoue avec son excellence industrielle et relancer le nucléaire. Le prérequis pour cela est de disposer de bras qualifiés et en nombre. Or c'est ce qui manque cruellement à EDF, comme l'a récemment déploré M. Lévy. La politique d'Emmanuel Macron a en effet mis à mal l'ensemble de la filière et grevé de façon catastrophique les capacités d'investissement de l'entreprise, notamment en puisant dans sa trésorerie quand il en avait besoin, pour financer le bouclier tarifaire par exemple.
Vous êtes rompu aux questions financières et coutumier des rouages de la sphère étatique. Toutefois, le groupe LR s'interroge sur votre connaissance du système électrique et sur votre véritable engagement à l'égard du nucléaire. Vous vous apprêtez à prendre les rênes d'une entreprise qui a une âme très forte. Le chantier qui vous attend s'annonce pour le moins dense et compliqué, pour un non-initié.
Vous êtes l'homme de l'Élysée qui doit redonner à EDF et au nucléaire français leurs lettres de noblesse, alors même que l'entreprise a été menacée de démantèlement par le projet Hercule et que la filière de l'atome a été mise à mal par celui qui veut vous nommer. Vous devrez relever le défi de la dette colossale d'EDF, qui pourrait culminer à 60 milliards d'euros d'ici à la fin de l'année, bien que le recours à la dette soit la marque de fabrique de votre promoteur.
Enfin, sachez que dans les sociétés dont plus de la moitié du capital est détenue directement par l'État, les dirigeants mandataires sociaux sont normalement nommés parmi les membres du conseil d'administration, lorsque le président assure la direction générale. Il est pourtant incontestable que, le 29 septembre 2022, la proposition de nomination du Président de la République n'avait pas été précédée d'une proposition du conseil d'administration, qui d'ailleurs ne pouvait pas légalement proposer votre nom.
Pour toutes ces raisons, le groupe LR votera contre votre nomination à la tête d'EDF.