Si un projet de loi de finances rectificative est un classique des travaux parlementaires, le texte qui nous réunit, dévoilé au dernier moment, n'est pas sans nous interpeller collectivement. Cela dit, je me concentrerai plutôt sur le fond que sur la forme.
À grand renfort de communication, vous allez certainement nous rebattre les oreilles avec la France championne des prélèvements obligatoires et les résultats satisfaisants obtenus par rapport aux prévisions de mi-année – les éléments de langage sont désormais bien rodés.
Vous inscrivez ce second PLFR dans la continuité du paquet pouvoir d'achat voté cet été. Il inclut un chèque énergie exceptionnel, une prolongation de la ristourne à la pompe et des crédits supplémentaires pour soutenir les universités. Si j'étais ironique, je dirais que ces mesures correctives viennent corroborer les arguments déployés par les oppositions depuis plusieurs semaines à l'appui des amendements que vous rejetez. Mais mieux vaut être entendu tardivement que pas du tout.
Le chèque énergie constitue un pis-aller compte tenu d'une urgence sociale et environnementale absolue. Vous faites le choix d'aider les Françaises et les Français les plus modestes. L'estimation fait état de 12 millions de ménages bénéficiaires, alors qu'il y en a bien plus en train de se paupériser. Pensez-vous étendre durablement le nombre de bénéficiaires potentiels, rehausser la valeur faciale du chèque énergie, voire moduler celui-ci en fonction des zones climatiques ?
Ne pensez-vous pas que le fait de limiter ces politiques d'intervention devrait vous pousser à accepter, pour 2023, un grand plan de rénovation énergétique ?
La ristourne à la pompe constitue une mesure indifférenciée. Les impôts qui grèvent le plus le budget des ménages appartenant aux catégories populaires et aux classes moyennes sont ceux qui pèsent sur la consommation – ce sont ce que j'appellerai des prélèvements de la vie quotidienne.
Mon groupe est tout de même satisfait de voir le budget de France compétences abondé de 2 milliards supplémentaires.
Si gérer un pays exige une capacité d'adaptation continue, la vision à long terme doit rester la qualité première. Nous espérons que vous ne l'oublierez pas dans les prochains collectifs budgétaires.