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Intervention de Éric Coquerel

Réunion du mardi 25 octobre 2022 à 21h00
Commission des finances, de l'économie générale et du contrôle budgétaire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaÉric Coquerel, président :

Non pas que je sois favorable à la dette pour la dette ou que je nie qu'elle est un problème, mais on agite la charge de la dette pour faire peur, alors que l'on rembourse en réalité le stock en un peu plus de sept ans, et pour faire passer des politiques de baisse des dépenses publiques, des privatisations, ou encore pour faire des réformes structurelles au nom du retour au 3 % de déficit – la réforme des retraites, par exemple.

La dette est utile à un État qui ne peut pas payer des investissements courant sur plusieurs années en une seule année de production de richesses. La dette avec laquelle nous vivons aujourd'hui est utile. Et heureusement qu'il y a eu la dette durant la crise sanitaire.

Dans des situations aussi exceptionnelles, on pourrait réfléchir à une autre approche de la dette. L'ancien président de la commission, à l'occasion d'un projet de loi de finances rectificative (PLFR), avait eu ce mot de vérité : on ne rembourse jamais la dette – le stock –, on ne rembourse que les intérêts. D'une certaine façon, la dette est perpétuelle, sans compter qu'il est intéressant pour les marchés financiers de prêter aux États.

La dette covid a une particularité : nous la possédons, elle n'est pas sur les marchés. Pour la première fois, la Banque centrale européenne a désobéi aux traités et décidé de prêter aux États au travers des banques centrales. Dès lors, plutôt que de rembourser ses intérêts pendant des décennies, peut-être pourrait-on envisager l'annulation de la dette, comme cela s'est produit à certains moments de l'histoire. Sans doute serions-nous victimes, puisque nous ne toucherions pas les intérêts de la dette, mais au moins le fardeau serait-il largué.

Selon que ce sont les marchés ou les banques centrales qui possèdent la dette, ce n'est pas du tout la même chose. La dette japonaise atteint plus de 200 % mais, à la différence de la dette française, ce sont les Japonais qui la possèdent.

On ne doit pas faire de cette question un totem pour entretenir les peurs. Il faut l'appréhender en regardant réellement à quoi sert la dette, ce que l'on pourrait en faire et quelles autres politiques pourraient être mises en œuvre pour réduire les déficits.

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