Merci pour ce rapport, Madame la rapporteure pour avis. Je partage votre regret : le tourisme n'a toujours pas obtenu la place qu'il méritait au sein des précédents projets de budget. Le regroupement des crédits consacrés au tourisme au sein d'une seule mission budgétaire et la relance du comité interministériel du tourisme sont une nécessité.
Le secteur du tourisme, c'est plus de 7 % du PIB, 2 millions d'emplois, mais c'est surtout 8 % des émissions de gaz à effet de serre. Notre priorité politique est d'engager la planification écologique pour un tourisme écoresponsable et socialement équitable. La crise du covid aurait dû provoquer un changement en profondeur ; hélas, il n'en est rien.
Vous relevez dans votre rapport que de nombreuses entreprises de la filière s'inquiètent de leur capacité à rembourser les PGE. L'État a dépensé 38 milliards d'euros, mais qui en a bénéficié ? Le groupe allemand TUI a touché 30 millions d'euros, ce qui ne l'a pas empêché d'essayer de licencier 600 salariés en 2021. Il y a aussi, dans le secteur du tourisme, des profiteurs de crise.
Concernant la pénurie de main-d'œuvre, plutôt que de financer une campagne de communication gouvernementale, qu'attendons-nous pour augmenter les salaires et « dé-précariser » ? La dernière loi sur l'assurance chômage a grandement pénalisé les saisonniers, qui alternent contrats courts et périodes d'inactivité. L'ubérisation sévit également dans le tourisme. Quand le Gouvernement compte-t-il agir pour protéger le statut des guides-conférenciers, mis à mal par la concurrence déloyale des plateformes de free tours ?
Si nous partageons l'objectif de désaisonnaliser le tourisme, le tourisme d'affaires n'est pas la solution, car c'est le tourisme le plus polluant : il s'agit de séjours ultracourts, parfois même en jet privé. Il va à l'encontre du tourisme à la française, que nous souhaitons préserver et encourager, plus résilient et adapté aux enjeux du changement climatique.
Plus globalement, nous devons faire bifurquer les flux touristiques. La massification des activités touristiques a entraîné la saturation de nombreux sites et créé de nombreuses disparités. Les territoires concernés – Paris, la Bretagne, les Alpes, le Pays basque – sont confrontés à une réelle crise du logement. Face aux touristes et aux résidences secondaires, populations précaires et classes moyennes n'arrivent plus à se loger. Contre le modèle capitaliste du tourisme d'affaires et du tourisme de masse, il est temps d'engager un vaste plan de relocalisation des activités touristiques, s'accompagnant d'investissements dans les infrastructures ferroviaires et les moyens de transport décarbonés.
Il est urgent d'instaurer des normes environnementales plus ambitieuses pour les entreprises du secteur touristique et de conditionner les aides, pour en finir avec les canons à neige anti-écologiques des stations de ski et les grands projets inutiles et imposés de type Center Parcs. L'écotourisme doit devenir une norme, axée sur le modèle de l'économie circulaire et sur un allongement des séjours. Maillons le territoire de réseaux de proximité autour de coopératives territoriales mettant en relation les professionnels du tourisme, les producteurs locaux, les pouvoirs publics, les commerçants et les artisans. Enfin, soutenons réellement les structures de l'économie sociale et solidaire et celles de l'éducation populaire, pour un tourisme solidaire qui renoue avec le droit aux vacances pour toutes et tous.