La réalité de la vie en détention nous saute aux yeux lors de nos visites et c'est d'ailleurs pour l'améliorer que, dès 2017, nous donnions à l'administration pénitentiaire des moyens sans précédent. Le plan 15 000 places, qui est en réalité un plan 18 000 places, permettra d'en fermer 3 000 trop vétustes. Nous avons doublé le budget dédié à l'entretien du parc immobilier vieillissant (120 établissements datent d'avant 1920). Nous avons en outre tenté de limiter les courtes peines, qui tendent à désociabiliser, et de leur préférer des alternatives parfois plus contraignantes. Je sais que vous mesurez à leur juste valeur ces efforts et savez que nous ne nous satisfaisons pas des résultats. Aller plus loin, pourquoi pas ? Plus loin que la libération sous contrainte, qui prend effet en janvier 2023 ? La palette des outils offertes aux juges est, en effet, désormais complète. Mais selon quel modèle ? Nous sommes tous d'accord sur la nécessité de réinsérer, mission récente de l'administration pénitentiaire et encore visiblement inconnue. Lorsque 75 % des détenus ont un niveau scolaire inférieur au certificat d'aptitude professionnelle (CAP), il est indispensable de former. La surreprésentation en détention des conduites addictives représente une autre réalité qui saute aux yeux. Trouver un logement, un travail, renouer avec sa famille constituent aussi de puissants leviers pour la réinsertion et la lutte contre la récidive. De quelle manière pourrait-on faire connaître cette réalité du rôle de la réinsertion en détention ?