On ne peut que se réjouir des efforts déployés en faveur des réfugiés ukrainiens et des augmentations budgétaires. Toutefois, des questions restent en suspens.
En prenant le bus ou le tram pour se rendre de Strasbourg, où j'habite, à Kehl, on est frappé par la différence dans l'accueil qui existe entre les deux villes. À Kehl, les personnes ne vivent pas dans des bidonvilles, sous des tentes, dans des conditions indignes ; les conditions d'accueil sont en dur, en toute humanité. On ne peut pas dire que l'Allemagne est le pays le plus à gauche en Europe, ni celui qui compte le plus de députés NUPES. Pourtant, les Allemands arrivent à faire des choses que nous ne faisons pas.
Ce constat m'incite à m'interroger sur l'inégalité de traitement entre les différents territoires en France. Strasbourg doit être la neuvième ville de France, elle compte 300 000 habitants et elle devra rendre 10 % des places d'accueil qui seront supprimées en France, soit 700 sur 7 000, quand l'ensemble du département en perdra 1 000. Un septième des places sera donc supprimé dans ce seul département, qui est loin d'être l'un des plus peuplés de France, et qui, en tout cas, ne représente pas le septième de la France. Pourquoi cette ville et ce département sont-ils ainsi particulièrement touchés ?
Je m'interroge d'autant plus que Strasbourg est une capitale européenne, la ville qui abrite toutes nos institutions européennes : la Cour européenne des droits de l'homme et toutes les institutions des droits humains. C'est donc un territoire qui attire plus que d'autres des flux de personnes qui viennent rechercher le droit et la reconnaissance de ce qu'elles ont subi. Derrière cette inégalité de traitement, n'oublions pas tout cela.
Les suppressions de places d'hébergement mettent surtout en exergue des situations catastrophiques : 42 000 enfants sans abri en France dorment dans la rue. Des collègues ont signé une tribune transpartisane ; certains de votre coalition les ont rejoints, pour rappeler l'urgence à agir.
Dans tout ce qui nous est ici présenté, je relève encore de nombreux questionnements qui me poussent à dire que l'on n'avancera pas. Les moyens financiers sont bien là, mais ils sont déployés, non pour la solidarité, non pour l'accueil, mais pour le renforcement de contrôles qui n'en finissent pas de démontrer leur incapacité à endiguer les flots. Pourquoi donc tout cet argent là où il est inutile, alors qu'il pourrait au moins servir notre devise républicaine ?