L'amendement ouvre un débat sur la manière dont la stratégie nucléaire devra être menée dans les années qui viennent.
Le premier élément qui aurait pu être signalé est la nationalisation d'EDF, enjeu majeur de la stabilisation de notre système. C'est une conséquence logique des efforts, couronnés de succès, du Président de la République pour obtenir, à la fin de l'année dernière, une taxonomie européenne permettant d'exempter le financement du nucléaire de contraintes manifestement excessives, de manière à permettre le développement de l'intégralité de la filière.
Le deuxième enjeu est de poursuivre l'expansion internationale d'EDF. EDF est le leader mondial de l'industrie de production d'énergie décarbonée, avec des centrales partout à travers le monde, mais aussi avec la production d'énergie renouvelable. Lorsqu'il a fallu soutenir le développement d'Hinkley Point, il s'est trouvé au conseil d'administration des fonctionnaires et des ministres pour soutenir le projet contre vents et marées, contre toutes les oppositions.
Le troisième axe est lié au débat que nous avons eu tout à l'heure sur l'accès régulé à l'électricité nucléaire historique (Arenh), car il faut absolument sécuriser les relations de long terme entre EDF et ses clients. Si l'on incite EDF, qui est une entreprise avec sa propre rationalité, à investir, il faut évidemment avoir des industries, lesquelles seront approvisionnées en énergie grâce à l'Arenh, mais aussi grâce au développement d'une industrie de l'hydrogène, laquelle sera jumelée à celle des SMR, comme le Président de la République l'a décrit dans son discours de Belfort.
La quatrième raison pour laquelle nous ne pouvons pas admettre des objectifs fixés à l'emporte-pièce au détour d'un amendement, c'est qu'il faut rebâtir une industrie de base qui permette de fournir à EDF les métiers qui lui font largement défaut dans son développement industriel. C'est ce que nous avons pu constater quand il a fallu qu'EDF parvienne à faire face à la corrosion sous contrainte, au rythme que l'on sait. C'est l'objet du plan France 2030 : il faut des industries de transformation dans l'acier, dans la chimie et, surtout, dans la fonderie, la chaudronnerie, l'usinage, la soudure des énergies électriques, la transformation de la machine-outil. C'est cette stratégie globale qui permettra d'atteindre les objectifs réalistes que le Président de la République a fixés à Belfort en 2021.