Le précédent quinquennat n'a apporté que déception et colère chez une grande partie des citoyens ultramarins. Ces sentiments se sont traduits dans les urnes en avril et en juin derniers. Les populations attendent des réponses fortes à leurs difficultés quotidiennes, mais également un autre chemin vers plus de justice, de différenciation et de responsabilité.
Si l'on ne peut pas tout attendre de la mission "Outre-mer" – les politiques publiques en faveur de nos territoires se retrouvent d'ailleurs dans 102 programmes et 31 missions –, on est en droit d'espérer qu'elle montre une autre voie, les outre-mer se trouvant à la croisée des chemins. Cependant, vous nous proposez, monsieur le ministre délégué chargé des outre-mer, de continuer sans rien changer : ce n'est pas acceptable quand tout urge, tout presse et quand la fracture sociale ne cesse de grandir. Nous ne doutons pas de votre bonne volonté, mais celle-ci ne suffit pas. Les réponses qu'apportent les crédits de la mission ne sont pas à la hauteur de la situation actuelle.
Le montant alloué à la construction de logements sociaux est insuffisant ; vous ne prenez aucune mesure spécifique pour protéger le pouvoir d'achat ; il n'y a aucune augmentation de l'aide au fret ; vous ne déployez aucun programme d'urgence pour rendre effectif le droit d'accès à l'eau potable dans l'ensemble des territoires ultramarins. Il faut le dire, ce budget se place dans la continuité des précédents. Il n'apportera pas de réponse efficace aux problèmes de logement, d'éducation, de cherté de la vie, de santé, d'égalité des chances, d'emploi, d'accès aux droits, d'infrastructures et de dynamique économique.
Il est encore à l'image des contrats de convergence et de transformation (CCT) signés en 2019, lesquels ne sont finalement que les anciens contrats de plan État-région (CPER) recyclés. Les CCT sont prorogés d'un an, un an de perdu avant les prochains contrats.
Construire un avenir meilleur pour nos territoires et nos familles passe par la santé, notamment par la hausse du coefficient géographique. Les centres hospitaliers universitaires (CHU) sont de véritables plateformes sanitaires dans les bassins de vie ; ainsi, le CHU de La Réunion est non l'établissement des seuls Réunionnais mais celui de tout l'océan Indien : il y a dix ans, il accueillait 400 de nos sœurs et frères mahorais, cette année, les évacuations sanitaires atteindront le nombre de 1 500. Chlordécone, Sargasses dans le bassin atlantique, il faut agir sur la santé et la prévention ; l'alcool, les violences intrafamiliales, le surpoids, l'obésité et les grossesses précoces détruisent les vies plus que dans l'Hexagone.
Construire un avenir meilleur pour nos concitoyens et les jeunes générations passe par une politique volontariste du logement. Monsieur le ministre délégué, ensemble, avec les acteurs concernés et les élus locaux, il est temps que l'on réforme en profondeur ce secteur. Il faut réviser les normes, répondre au problème de la maîtrise et de l'aménagement du foncier, limiter le coût des matériaux de construction et élaborer en urgence une loi de programmation pluriannuelle de l'habitat.
Tout cela est essentiel pour offrir en quantité des logements adaptés. On ne peut pas s'épanouir et construire pleinement sa vie sans un logement digne.