Je vais commencer par évacuer un premier argument, auquel Mme la ministre a déjà consacré du temps : nous ne voulons pas ponctionner le programme 224 et nous demandons la levée du gage. Nous faisons avec les moyens dont disposent les parlementaires !
Je vous propose plutôt de discuter du fond. Cet amendement s'inscrit dans la continuité de l'amendement n° 1056 que Sarah Legrain a très bien défendu. Vous l'avez dit dans votre discours, madame la ministre – qui était fort et parfois agréable à entendre : vous êtes engagée dans la transition écologique. Dont acte.
En citant des acteurs du monde de la culture, je voudrais mettre en évidence certains éléments. M. Guillaume Désanges, le président du Palais de Tokyo, a eu cette formule choc dans une tribune récemment publiée dans Le Monde : « […] l'art ne fait pas que dénoncer. Il fait aussi, en tant qu'industrie, partie du problème [écologique]. » Les politiques publiques demandent à produire toujours plus, pour accueillir toujours plus de visiteurs, en dépensant toujours plus de matériaux et d'énergie : or celle-ci est un élément d'aggravation de la crise écologique. L'État ne remplit donc pas son rôle de planificateur de la bifurcation écologique. Récemment, le Centre Pompidou a programmé une journée de réflexion intitulée « Culture et écologie : vers la grande mutation ? ». Le président de l'Union des scénographes y a expliqué que le rythme effréné des productions et l'afflux du public ne permettaient pas de concevoir des matériaux recyclés ou moins polluants.
Nous proposons de mener une bifurcation écologique dans les arts et la culture, notamment en accélérant la rénovation des bâtiments, en formant massivement à ces enjeux les travailleurs des arts et en subventionnant les initiatives locales. Cet amendement vise ainsi à engager réellement la transition écologique plutôt que se contenter d'en parler.