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Intervention de Sarah Legrain

Séance en hémicycle du vendredi 28 octobre 2022 à 9h30
Projet de loi de finances pour 2023 — Mission culture (état b)

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaSarah Legrain :

Madame la ministre, vous avez affirmé, le 6 septembre que les termes « sobriété » et « fin de l'abondance », qu'on entend beaucoup, vous évoquaient une vision quelque peu tragique, une nécessité que les acteurs culturels, avec la créativité des artistes, leur énergie et leur enthousiasme, pouvaient transformer en une aventure positive pour l'ensemble des citoyens. Vous avez conclu : « Donc sobriété, oui, mais sobriété joyeuse. » Or, en matière de sobriété joyeuse, nous en sommes à nous demander s'il y aura des spectacles à Noël. Car telle est la réalité du rationnement et de la sobriété prévus pour le secteur de la culture.

Le présent amendement vise donc à créer un fonds de compensation de 500 millions pour ce secteur. En effet, nous recevons des mises en garde, comme celle d'Aurélie Hannedouche, secrétaire générale du Syndicat des musiques actuelles, qui évoque l'augmentation du coût de l'électricité. Il devrait doubler pour les salles de concert et contraindre certaines à fermer à Noël. « On marche sur un fil, comme des funambules : on a moins de billetteries, de ventes de boissons, d'aides publiques – comme en témoignent les restrictions du conseil régional Grand Est ou d'Auvergne-Rhône-Alpes –, alors que le prix de l'électricité, l'essence, les matériaux techniques s'envolent ».

Benoît André, directeur de La Filature de Mulhouse, scène nationale, établit le même constat. Il évoque une situation kafkaïenne : EDF lui a proposé un devis six fois supérieur à sa facture annuelle. Il prévient que baisser la température du chauffage à 19 degrés et fermer quelques jours ne permettra de faire que « des économies à la marge ». « Tout est entre les mains de l'État. On se retrouve à nouveau dans une situation de crise, alors qu'on est encore très fragilisés et que l'on commençait à voir revenir le public. »

Puisque les choses sont entre les mains de l'État, nous ne nous satisfaisons pas du budget du Gouvernement, qui prévoit 56 millions d'euros, et 24 millions pour le fonctionnement et l'investissement. Il faut mettre 500 millions sur la table pour nous assurer qu'aucune structure culturelle ne fermera cet hiver à cause de la hausse du coût de l'énergie.

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