Je ne me livrerai pas à l'exercice de complaisance qui consiste à vous interroger sur le budget de la culture : il est déjà dans les cartons à Bercy et notre discussion n'y changera rien. Ma question sera donc plus générale.
Si la nation est une volonté de partager un destin commun, fondé sur des valeurs communes, elle est également incarnée par des paysages et des monuments qui modèlent le pays. Or ces monuments, ces châteaux, ces chapelles, ces ponts romains sont souvent menacés de ruine, alors qu'ils représentent autant d'occasions de développer le tourisme et de créer des emplois qualifiés et non délocalisables – sans parler des valeurs culturelles et civilisationnelles fortes qu'ils participent à transmettre.
Malheureusement notre patrimoine est en péril ; sa conservation est financièrement acrobatique ; sa restauration est morcelée et parcellaire. C'est selon moi le signe d'un manque de vision, d'expertise, et de filières économiques spécialisées, et surtout d'une absence de programmation qui fragilise, parfois irrémédiablement, cette partie de notre histoire qu'est le patrimoine.
Pourtant, certains gouvernements ont réussi à donner du souffle au patrimoine, avec des hommes comme Mérimée et Malraux, en passant par Viollet-le-Duc. Nous devons retrouver cet élan. À quand un retour à l'esprit du législateur de 1913 ? À quand une refonte de la protection des biens mobiliers ? À quand la création d'un service national du patrimoine ? À quand enfin une grande loi sur le patrimoine ?