Je vous entends me parler de hausse, mais c'est un trompe-l'œil. En tenant compte de l'inflation, des mesures de soutien postcovid qui sont présentées comme provisoires et en regardant la répartition des dépenses, je fais le constat d'une terrible absence d'ambition en matière de service public des arts et de la culture. Vos cabinets de conseil ne vous ont-ils pas parlé de la richesse créée par les secteurs culturels, qui représente sept fois plus que l'industrie automobile, soit 2,5 % du PIB ? Serait-ce vraiment trop demander que de consacrer 1 % du PIB en budget de l'État à l'ensemble des dépenses publiques pour la culture, comme le prévoit le programme de la NUPES ?
Quand je regarde ce budget, je me demande : « Mais où est passée la politique culturelle ? Quelle est la vision de long terme, alors que nous sommes face à des défis majeurs ? » Le défi, tout d'abord, d'une crise de fréquentation des théâtres, salles de cinéma et salles de concert, non seulement lieux de partage de l'expérience esthétique, pourtant si essentiels dans une société confinée et atomisée, mais aussi pierres angulaires du financement de notre création artistique. Défi, aussi, de l'assaut des Gafam et des plateformes qui transforment peu à peu les œuvres en contenus, la création en big data et la médiation culturelle en algorithmes. Défi, enfin, de la crise énergétique qui nous met face aux conséquences de l'absence de planification écologique, et repose, en des termes cruciaux, la question de ce qui est essentiel.