D'un point de vue comptable, ce budget paraît satisfaisant, puisqu'il atteint 4,2 milliards d'euros, en hausse de 7 %. L'effort budgétaire doit être important car les crédits dédiés à la culture dans le plan de relance sont en diminution. La crise sanitaire, économique et sociale nous a montré à quel point des pans entiers de nos vies dépendaient de la culture dans toutes ses dimensions.
Ma préoccupation, que vous partagez, je le sais, madame la ministre, c'est l'accès de tous à la culture et l'accompagnement des acteurs dans tous les territoires de France, en particulier ceux d'outre-mer pour qu'ils continuent à créer, produire et diffuser malgré la contrainte géographique. Donnons les moyens à la France de devenir une démocratie culturelle, en accordant plus de visibilité aux cultures issues des quartiers populaires et à leurs artistes. Il faut des moyens pour plus d'égalité d'accès à la réussite et à l'émancipation, alors que tant d'artistes et de groupes des quartiers populaires ont fait la fierté de la France ! Comme le chante le poète Kery James, « c'est à travers nos disques que la voix du ghetto s'élève ». La dimension comptable ne suffit pas à appréhender la question de l'équité culturelle dans nos territoires.
Comme dans l'Hexagone, le cinéma traverse une grave crise outre-mer. En juillet dernier, les députés ultramarins vous ont alertée, madame la ministre, sur la situation des exploitants de salles de cinéma. En effet, les syndicats distributeurs, dont le Centre national du cinéma et de l'image animée (CNC) donc l'État, ont décidé de remettre en cause le taux de location des films, fixé à 35 % depuis plus de cinquante ans, pour le porter à 46 % comme dans l'Hexagone. Nous vous demandons de garantir le maintien de l'actuel plafond de 35 % afin d'assurer la continuité territoriale de la culture et de refuser l'exclusion des usagers ultramarins du cinéma – je pense notamment aux plus défavorisés d'entre eux qui n'iront plus au cinéma si le prix des billets devient inaccessible.