Intervention de Inaki Echaniz

Séance en hémicycle du vendredi 28 octobre 2022 à 9h30
Projet de loi de finances pour 2023 — Culture

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaInaki Echaniz :

Les crédits de la mission "Culture " atteignent pour 2023 plus de 3,7 milliards d'euros, ce qui représente une augmentation indispensable face aux crises passées et futures qui frappent la vitalité du secteur. Des plans d'aides spécifiques avaient vu le jour pendant la crise du covid-19 pour accompagner le milieu de la culture, mais maintenant qu'ils ont pris fin et que de nouvelles menaces apparaissent, force est de constater qu'il reste peu de souffle aux acteurs pour penser l'avenir.

Les séquelles de la crise sanitaire sont encore présentes et l'épidémie de covid-19 n'est pas derrière nous. Comment donc aborder l'année sereinement, quand on est directeur de musée, artiste ou enseignant, face à la possibilité d'une reprise épidémique ?

De plus, l'inflation engendre des dépenses dantesques pour le milieu, lesquelles ne sont pas intégralement compensées dans ce budget. Comment des acteurs déjà fragilisés depuis trois ans trouveront-ils ces sommes supplémentaires ? S'ajoute à cela la revalorisation du point d'indice, que je ne peux que saluer, mais qui constitue une autre charge additionnelle pour les structures.

Oui, les crédits consacrés à la culture augmentent, mais les dépenses incompressibles pour les acteurs de ce secteur augmentent elles aussi. La hausse budgétaire pour 2023 sert davantage à compenser qu'à investir.

Madame la ministre, donnez-vous les moyens de vos ambitions ! À contexte exceptionnel, réponses exceptionnelles !

Cela passe d'abord par une visibilité financière pluriannuelle pour les acteurs de la culture. En effet, les incertitudes budgétaires représentent autant de contraintes organisationnelles et économiques. Par exemple, comme le souligne le rapport pour avis, dans le secteur du patrimoine, certaines dépenses d'entretien sont écartées, ce qui engendrera, à terme, des coûts de restauration plus importants.

Des réponses adaptées aux conséquences directes ou indirectes des crises inédites que traverse la France seront également nécessaires. Il convient de compenser l'inflation pour maintenir le tissu culturel unique de notre pays.

Cela passe enfin par des plans d'investissement ambitieux, afin d'accompagner les acteurs du secteur dans la transition numérique et écologique, et de les aider à diversifier leur public.

À cet égard, la démocratisation de la culture, en donnant aux jeunes une place plus importante dans la politique culturelle, constitue un réel enjeu. Si nous reconnaissons les récentes évolutions positives du pass culture, les indicateurs du bleu budgétaire font état d'une baisse de la fréquentation des lieux culturels et démontrent que l'accent doit être porté sur l'éducation artistique et culturelle (EAC). En cela, nous regrettons que celle-ci n'atteigne pas encore son objectif de toucher 100 % des élèves, seuls 80 % d'entre eux étant pour l'heure concernés. Ce pass culture représente une part non négligeable du budget de la culture : il faut être exigeant quant à ses retombées pour les jeunes et les acteurs locaux.

Enfin, il est indispensable que les annonces gouvernementales soient suivies d'actions concrètes dans nos territoires, pour qu'elles ne se résument pas à des effets de communication. Nous sommes tous las de la création de nouveaux dispositifs séduisants, mais qui en réalité fonctionnent mal. Et quand 1 500 équivalents temps plein (ETP) sont supprimés en cinq ans au ministère de la culture, madame la ministre, permettez-moi de m'inquiéter de la bonne réussite de nos politiques publiques dans ce domaine.

Considérant que ce budget ne répond que partiellement aux défis qui se dressent face aux acteurs du monde de la culture, le groupe Socialistes et apparentés s'abstiendra sur le vote des crédits de cette mission.

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