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Intervention de Emmanuelle Anthoine

Séance en hémicycle du vendredi 28 octobre 2022 à 9h30
Projet de loi de finances pour 2023 — Culture

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaEmmanuelle Anthoine, rapporteure pour avis de la commission des affaires culturelles et de l'éducation :

Si les deux années budgétaires 2020 et 2021 ont été marquées, pour la culture, par des mesures exceptionnelles, à la hauteur des défis de la crise sanitaire, le budget de la culture pour 2023, qui n'est plus tout à fait un budget de crise, n'est pas encore celui du retour à la normale. Il semble en effet que l'on ait quitté une crise pour en affronter une autre avec sa somme de nouvelles contraintes et difficultés.

Le retour à une fréquentation touristique telle qu'on l'a connue avant la crise n'est pas pour 2022, même si les résultats sont meilleurs qu'espérés et que les touristes étrangers ont commencé à revenir. Pour les grands établissements se pose d'ailleurs la question du niveau de fréquentation désormais souhaité. Des réflexions sont en cours pour continuer à lisser les entrées afin d'améliorer le confort de visite. La reprise est aussi relativement lente et très inégale pour le spectacle vivant, avec des habitudes de sortie profondément modifiées. Certains publics, plus vulnérables, hésitent à retrouver des lieux jugés trop fréquentés, tandis que d'autres ont simplement perdu l'habitude de quitter leur domicile pour des sorties culturelles.

Face à ces nouveaux défis, les crédits de la mission "Culture" sont en hausse de 7,36 % par rapport à 2022 et s'élèvent à 3,72 milliards d'euros de crédits de paiement. Mais cette hausse a vocation à être en grande partie amputée par les effets de l'inflation. Le budget de la mission "Culture" , à prix constants, connaîtra donc une augmentation moindre qu'affichée.

Les crédits du programme Patrimoines atteignent 1,099 milliard d'euros et permettent de soutenir les musées, les monuments historiques, l'architecture et le patrimoine des villes et villages. Au titre des grands chantiers, la poursuite de la restauration et de l'aménagement du château de Villers-Cotterêts est prévue pour une ouverture au public au printemps 2023. Madame la ministre, ce calendrier vous semble-t-il pouvoir être tenu ? Où en est-on de la définition du projet culturel de ce futur établissement au profit de la langue française ?

L'État entend également valoriser le volet territorial de l'action patrimoniale sur de grands projets comme la restauration de la cathédrale de Nantes, le lancement des travaux de l'abbaye de Clairvaux ou sa contribution à la restauration du château de Gaillon. Ce volet territorial prend aussi la forme de nouveaux crédits pour le plan Sécurité cathédrales et de l'accroissement des moyens du fonds incitatif et partenarial pour les collectivités. La hausse serait de 2 millions d'euros, portant le dispositif à 18 millions d'euros. Le patrimoine archéologique bénéficierait de 12 millions d'euros de plus par rapport à 2022. Je ne peux qu'être favorable à ces revalorisations que j'appelais de mes vœux dès 2018, lors de la mission flash sur le soutien au patrimoine immobilier protégé, menée avec M. Raphaël Gérard.

Le programme Création permet de soutenir le spectacle vivant et les arts visuels. De nombreux dispositifs d'urgence et de soutien mis en place pendant la crise ont permis qu'aucune faillite ne soit déplorée dans ces secteurs. Le jeune Centre national de la musique (CNM) a ainsi été très réactif dans sa gestion, mais se pose désormais la question cruciale de la pérennité de ses moyens financiers. Aussi, madame la ministre, où en est-on quant à l'attribution de ressources suffisantes et stables pour cet organisme qui a, depuis 2020, largement fait ses preuves ?

Pour soutenir la création, les artistes et les auteurs, le programme Mondes nouveaux sera reconduit pour une deuxième phase. Il aurait toutefois été intéressant de disposer au préalable de premiers éléments de bilan de la première phase. Quels critères ont-ils été privilégiés par le comité artistique pour la sélection des projets ? Quelle a été la répartition territoriale des réalisations ?

Concernant les opérateurs, le projet de déménagement du Centre national des arts plastiques (Cnap) à Pantin semble connaître de grandes difficultés. Madame la ministre, quelles perspectives pouvez-vous nous donner sur le calendrier des travaux et sur les surcoûts potentiels occasionnés par leur retard ?

Enfin, les crédits du programme 361 Transmission des savoirs et démocratisation de la culture augmentent eux aussi, ce qu'on ne peut qu'approuver. Je m'interroge néanmoins sur la pertinence de consacrer 208,5 millions d'euros au pass culture, montant deux fois supérieur à celui alloué à la politique d'éducation artistique et culturelle. Voulons-nous vraiment faire de ce dispositif une politique culturelle aussi hégémonique ?

En conclusion, le budget de la mission "Culture " pour 2023 est élevé, mais son impact pourrait largement s'éroder sous les effets de l'inflation. Pour ce motif et aussi en raison de certaines faiblesses constatées, je me suis personnellement abstenue lors du vote des crédits de cette mission en commission. La commission des affaires culturelles et de l'éducation a, quant à elle, émis un avis favorable à leur adoption.

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