Intervention de Alexandre Holroyd

Séance en hémicycle du vendredi 28 octobre 2022 à 9h30
Projet de loi de finances pour 2023 — Culture

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAlexandre Holroyd, rapporteur spécial de la commission des finances, de l'économie générale et du contrôle budgétaire :

En France, l'exception culturelle est aussi une exception financière. Nous savons tous, dans cet hémicycle, que la culture fait partie de notre identité et que les pouvoirs publics et les partenaires sociaux ont réalisé, pendant la crise sanitaire, un effort financier sans précédent en sa faveur.

De l'année blanche au bénéfice des intermittents du spectacle aux mesures sectorielles comme transversales du plan de relance, le soutien de l'État au secteur culturel a été sans précédent et sans égal. Grâce à cela, le secteur a réussi à traverser la crise sanitaire. Non sans mal, je vous l'accorde, mais quel autre pays au monde a fourni un effort comparable ? En disant cela, je ne dis pas que tout va bien. Nous savons tous ici que des questions se posent.

Si la fréquentation des établissements culturels reste encore souvent en deçà de son niveau de 2019, elle n'en est pas moins meilleure que ce qui était attendu au début de l'année. Si la question énergétique s'impose en haut de l'agenda culturel, les discussions sont engagées afin que les acteurs puissent y répondre et bénéficier d'un soutien à la mesure des enjeux. Si l'égalité entre les femmes et les hommes et les violences sexistes et sexuelles doivent toujours faire l'objet d'une attention soutenue, d'importants progrès ont déjà été réalisés, notamment en matière de féminisation des nominations et des œuvres mises en avant.

Or j'ai le sentiment que ce projet de loi de finances répond aux questions, nouvelles ou anciennes, qui sont en suspens.

Pour ce qui est des crédits des trois programmes – 131, 224 et 361 – dont l'examen m'a été confié, le bilan est favorable. Le montant cumulé des crédits proposés s'établit à un peu plus de 2,6 milliards d'euros en autorisations d'engagement et en crédits de paiement, en croissance de plus de 7 % par rapport à 2022. Sur ces trois programmes, les mesures nouvelles représentent 175 millions d'euros et sont articulées autour de trois orientations.

Le programme 131 Création accompagne l'installation du nouvel établissement public du Mobilier national, affermit le soutien à l'emploi artistique et aux artistes-auteurs, relève les dotations des opérateurs pour tenir compte de l'inflation et engage une nouvelle étape du programme Mondes nouveaux, d'appui à la création contemporaine. Je souligne d'ailleurs avec plaisir que l'Assemblée s'associe à cet effort : vous savez tous que la présidente Braun-Pivet a inauguré, le 4 octobre dernier dans la cour d'honneur du Palais Bourbon, une sculpture d'art contemporain de l'artiste plasticienne Prune Nourry.

Le programme 361 Transmission des savoirs et démocratisation de la culture se distingue quant à lui par un important effort en faveur de l'enseignement supérieur culturel et par le soutien réaffirmé à l'éducation artistique et culturelle grâce notamment au pass culture qui, quoi qu'en disent ses détracteurs, est un incontestable succès, même si certains points restent à corriger comme l'accès des apprentis et des jeunes Français établis à l'étranger.

Enfin, le programme 224 Soutien aux politiques du ministère de la culture poursuit le rattrapage indemnitaire nécessaire en faveur des agents du ministère de la culture et renforce les dépenses numériques et internationales de ce même ministère. Par ailleurs, ce budget met l'accent sur l'accompagnement vers la transition écologique. Le budget d'investissement de l'ensemble du ministère s'élèvera en 2023 à 663 millions d'euros, en augmentation de 10 % par rapport à 2022. Ces crédits soutiendront prioritairement les travaux d'amélioration des performances énergétiques des bâtiments. Cela est heureux puisque, comme l'a récemment rappelé le dramaturge Olivier Py, « il n'y a pas d'exception culturelle » en ce qui concerne l'écoresponsabilité.

Vous le voyez, les sujets culturels sont denses et, même si des questions se posent, sur les écoles nationales supérieures d'architecture (Ensa), sur la politique de labélisation ou encore sur les assurances pour les festivals, la direction prise est la bonne et ce budget y apporte les réponses adéquates. Pour ce motif, la majorité votera les crédits de la mission "Culture" .

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