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Intervention de Christophe Naegelen

Séance en hémicycle du lundi 24 octobre 2022 à 21h30
Motion de censure — Discussion et vote

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaChristophe Naegelen :

Ce n'est pas acceptable, car, au fond, la précipitation avec laquelle le 49.3 a été utilisé donne l'impression que tout était joué d'avance. Vous avez cédé à la fatalité, et ce faisant vous avez cédé à la facilité. Plusieurs options s'offraient pourtant à vous. La première, celle de la coconstruction, était celle promue par le Gouvernement, mais il n'y a pas eu de dialogues de Bercy pour le PLFSS. C'est votre choix, et c'est votre droit. Mais dès lors, vous ne pouvez attendre des parlementaires, a fortiori ceux de l'opposition, qu'ils accordent un blanc-seing à un texte sur lequel ils n'ont pas été consultés.

La seconde option, une fois la coconstruction écartée, aurait consisté à laisser les débats se tenir et à chercher une majorité sur chacune des mesures. Le groupe LIOT avait d'ailleurs fait le choix de la cohérence en refusant la motion de rejet préalable déposée sur le texte. Nous estimions que, malgré nos désaccords, il fallait débattre. Pour quel résultat finalement ? Nous n'aurons ni le temps de débattre, ni l'occasion de surmonter les désaccords.

Madame la Première ministre, le 49.3 constitue toujours un échec politique, pour le Gouvernement qui y a recours comme pour les députés qui y sont confrontés. C'est un échec politique, car il fracasse nos divergences contre un mur de silence.

Il y avait pourtant beaucoup de choses à dire sur ce projet de loi. Les débats auraient pu être l'occasion de combler un certain nombre d'insuffisances, que notre groupe avait d'ailleurs identifiées : insuffisances pour répondre à la crise de notre hôpital public – je pense en particulier à nos services d'urgences et à la psychiatrie ; insuffisances non seulement pour armer les établissements de santé et les établissements médico-sociaux face à l'inflation, mais aussi pour honorer et étendre les revalorisations du Ségur de la santé ; insuffisances concernant notre médecine de ville, désormais confrontée au problème de la désertification médicale sur tous nos territoires ; insuffisances, aussi, pour faire face aux défis du grand âge et du handicap.

Mais les débats sur les recettes pour 2023 n'auront pas lieu. Alors que nos comptes sociaux souffrent encore – et pour longtemps – de la crise sanitaire, nous ne pourrons pas parler pour toutes ces personnes oubliées qui comptent sur nous.

Nous ne parlerons pas des exonérations de cotisations sociales que le Gouvernement a fait le choix de ne pas compenser, du moins pour certaines, et ce en dépit de ce que nous avions adopté cet été.

Nous ne parlerons pas de nos agriculteurs et de nos saisonniers, ni des moyens consacrés à améliorer leur quotidien et leur activité.

Nous ne parlerons pas de la revalorisation des retraites à hauteur de l'inflation. Surtout, nous ne discuterons pas du financement de la branche autonomie. Celle-ci continuera d'être la coquille vide que nous connaissons ;…

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