Elle n'avait pas le choix, car sans cela elle donnerait le sentiment d'accepter de se laisser piétiner et elle verrait l'usage du 49.3 se banaliser. Le Gouvernement, s'il était un peu honnête avec lui-même, aurait dû admettre qu'il ne pouvait pas faire adopter son budget tel qu'il l'avait souhaité : il aurait dû prendre en compte les visions alternatives. La gauche ne se serait pas pour autant rangée derrière ce budget, mais c'était une nécessité. Et la majorité, que certains avaient taxée de majorité Calimero, devait elle aussi regarder les choses en face.
Soulagée, malgré tout, la Première ministre était remontée dans sa voiture pour rejoindre l'hôtel de Matignon, où elle serait moins embêtée qu'au Palais-Bourbon. Les députés, qui étaient là par la volonté du peuple, qui désormais n'y étaient plus par celle de la Première ministre, avaient regagné leurs circonscriptions, qui inquiet, qui en colère, qui les deux. La majorité relative menait à un nouvel affaiblissement du Parlement et de la délibération collective.