On se remettait à peine des grèves et des manifestations des salariés exaspérés de voir les patrons du CAC40 s'octroyer des augmentations généreuses tandis qu'ils devaient se serrer la ceinture. Ou plutôt, on n'oubliait pas, dans de nombreux appartements, autour des tables du repas du soir, que la cause était loin d'être entendue. Et l'on ne s'y faisait pas.
À l'hôpital de Martigues, le ciel était plus réconfortant et Eulalie, qui avait bien compris qu'elle ne terminerait pas son service de sitôt, s'affairait d'une chambre à l'autre pour essayer de répondre aux demandes des patients dans le bruit insupportable des chaînes d'information continue qui débitaient l'actu en tranches et repassaient les plats en essayant de les vendre pour ce qu'ils n'étaient pas. Elle entendait les pros du commentaire approximatif, de la diatribe et de l'outrance rivaliser de surenchères qui ne servaient qu'à entretenir la rancœur et le ressentiment.