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Intervention de Stéphane Gaillard

Réunion du jeudi 6 juin 2024 à 14h00
Commission d'enquête relative aux violences commises dans les secteurs du cinéma, de l'audiovisuel, du spectacle vivant, de la mode et de la publicité

Stéphane Gaillard, directeur de casting :

En tant que directeur de casting, je tiens à préciser que nous n'assistons pas au tournage. Je n'en ai aucune expérience. Mon travail se déroule en amont, dans des bureaux, lors de la phase de préparation. Une fois que les acteurs sont choisis et contractualisés, mon rôle est terminé. Le premier jour du tournage, je suis déjà engagé ailleurs. Par conséquent, je n'ai pas d'expérience de plateau, à l'exception d'un déjeuner occasionnel avec l'équipe. Je ne peux donc évaluer ce qui se passe sur un plateau et je ne me considère pas légitime pour en parler.

Concernant votre question, je vais être paradoxal. Je n'ai jamais été témoin de rien, mais il y a une raison à cela. Peut-être en raison de mon passé, ayant été un petit garçon humilié et violé, je ne supporte pas le moindre abus de pouvoir. Dès le début de ma carrière, j'ai toujours veillé à ce que cela soit impossible avec moi. Si quelqu'un avec qui je travaille commet le moindre abus de pouvoir, je le remets immédiatement à sa place. Ainsi, non, cela ne s'est jamais produit.

Peut-être ai-je un souvenir très lointain d'un réalisateur avec qui j'ai travaillé, aujourd'hui décédé, mais c'était vraiment insignifiant par rapport à ce que je reçois. Je trouvais néanmoins qu'il y avait une forme de malaise à recevoir des actrices en casting dans un bureau. Nous les recevions, nous discutions, sans forcément faire d'essai dans un premier temps. Nous accueillions des actrices ayant déjà une certaine expérience, nous pouvions visionner des extraits de films avant de procéder à un essai. Il y avait parfois une légère séduction, très subtile, mais je trouvais cela déplacé.

En casting, j'accueille toujours les acteurs et actrices et je les raccompagne systématiquement. C'est très important pour moi car cela me permet de leur demander comment s'est passée la rencontre. Nous nous connaissons suffisamment pour que les actrices sachent que, avec moi, la parole est libre. L'une d'elles me dit qu'elle s'est sentie mal à l'aise, je prends cela très au sérieux. Une autre me confie qu'il y avait une atmosphère de séduction déplacée, j'interviens immédiatement. Lors d'un troisième rendez-vous, j'ai demandé à une actrice de patienter cinq minutes, je suis retourné dans le bureau et j'ai fermé la porte. Le réalisateur, dans sa toute-puissance, m'a demandé ce que je faisais et où était la prochaine actrice. Je lui ai dit qu'il n'y aurait pas de prochaine fois pour le moment, car nous devions discuter tous les deux. Je lui ai expliqué qu'une certaine séduction me gênait et n'avait pas sa place dans notre collaboration professionnelle. Immédiatement, il a tenté d'affirmer son autorité en me rappelant qu'il était le réalisateur. La situation s'est rapidement clarifiée. Je lui ai répondu que, sans réalisateur, il n'y avait pas non plus de directeur de casting, mais simplement deux hommes en conversation, et que l'un d'eux devait maintenant mettre un terme à cette situation. Je lui ai demandé s'il était prêt à continuer dans ces conditions, et il a répondu affirmativement. Par la suite, notre collaboration s'est déroulée sans encombre. C'est la seule expérience de ce genre que j'ai vécue, mais je tiens à préciser que je ne tolère pas ce type de comportement. Donc, pour répondre à votre question, non.

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