Je suis actuellement en train de constituer une association. J'ai sollicité l'aide d'une juriste spécialisée en droit des associations pour travailler sur les statuts. Bien que je ne puisse pas encore en dévoiler les détails, ce processus est en cours. J'ai dû me constituer en association par nécessité. Il m'a semblé essentiel de comprendre, en cas de besoins psychologiques, vers qui me tourner. Il me faut connaître des juristes, notamment des pénalistes et des spécialistes en violence sexuelle, et j'ai réussi à en trouver. Aujourd'hui, je peux affirmer qu'il y a des plaintes déposées, bien que je ne connaisse pas le nombre exact. J'ai mis en place un protocole pour gérer ces situations.
Certains acteurs pensent qu'ils sont seuls lorsqu'ils sont agressés. Je leur explique qu'ils ne le sont pas. En général, lorsque je reçois un témoignage, il est suivi de plusieurs autres, souvent de deux à dix, impliquant les mêmes auteurs présumés. Je leur dis qu'ils ne sont pas seuls dans cette démarche. Il arrive qu'un acteur me demande s'il est possible de dialoguer avec une autre victime. Je leur réponds que cela est tout à fait envisageable. Je contacte alors l'autre personne sans révéler son identité. Mon protocole consiste à obtenir l'accord des deux parties avant de faciliter leur mise en relation, généralement via Instagram, quitte à échanger leurs numéros de téléphone après.
En ce moment, une quarantaine de victimes d'agressions par divers prédateurs se sont regroupées pour commencer à dialoguer entre elles. Elles cherchent à s'organiser et envisagent de porter plainte, car il est extrêmement difficile de le faire seul. Évidemment, lorsqu'on est deux, trois ou quatre à porter plainte contre la même personne, cela devient beaucoup plus facile. Il est important de noter que les témoignages que je reçois incluent des faits prescrits et non prescrits, certains remontant à une vingtaine d'années. Cependant, il est à souligner que tous les prédateurs mentionnés sont toujours en activité.