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Intervention de Stéphane Gaillard

Réunion du jeudi 6 juin 2024 à 14h00
Commission d'enquête relative aux violences commises dans les secteurs du cinéma, de l'audiovisuel, du spectacle vivant, de la mode et de la publicité

Stéphane Gaillard, directeur de casting :

Tout d'abord, je me suis interrogé sur la raison pour laquelle on vient me parler. Peut-être est-ce cela le plus important. Pourquoi est-il à la fois si facile et si difficile de me parler ? La première réponse, ce sont les victimes elles-mêmes qui me l'ont donnée. Ce sont toujours les victimes qu'il faut écouter. J'ai compris que je m'étais retiré de toutes formes d'associations, des César, etc. J'ai seulement revendiqué mon engagement sur mes réseaux sociaux, où je suis très impliqué sur les questions concernant les enfants et les violences faites aux femmes depuis de nombreuses années. Je pense que c'est pour cela qu'ils m'ont accordé leur confiance.

Pour eux, il y a une chose très importante. Pourquoi viennent-ils me parler ? Il y a une impérieuse nécessité pour eux que leurs paroles soient déposées, dans un premier temps, à l'intérieur même du système, et non à l'extérieur. Ils ressentent le besoin de se confier à quelqu'un qui occupe une position de pouvoir, comme un directeur de casting, une incarnation de l'autorité. De plus, lorsqu'ils mentionnent un nom, ce n'est pas un nom inconnu ; je sais de qui il s'agit. Pour eux, il est essentiel d'avoir l'impression de déposer quelque chose de significatif.

Ce n'est pas une simple réparation, mais ce qu'ils me disent, c'est que cela leur a fait un bien immense, ce qui est déjà énorme. Ils ne pensaient pas qu'il existerait un endroit où cela serait possible aujourd'hui. Il y a une impérieuse nécessité de se raconter à l'intérieur pour être cru. Ils ont besoin d'être crus, entendus et que leurs paroles soient protégées, sans trahison. Je suis le garant et le protecteur de cette parole. Je me suis engagé avec eux dans un contrat moral que je ne trahirai pas.

Ils ne souhaitent pas être dirigés vers une association. Lorsqu'ils me parlent, ils savent qui je suis. Ils n'attendent pas une aide psychologique, que je ne suis pas en mesure de fournir, ni même une aide judiciaire, bien que je l'aie mise en place. Au départ, ils veulent simplement savoir qu'ils seront crus, protégés et non trahis. Ils ne veulent pas être dénoncés, comme cela arrive parfois. Prenons l'exemple des directrices de casting. Une actrice a été agressée sexuellement par un directeur de casting. Lorsqu'elle s'est confiée à l'une d'elles, celle-ci a immédiatement informé l'agresseur. De même, un acteur, victime d'agression sexuelle par un directeur de casting, s'est confié à une directrice de casting qui a également informé l'agresseur. À qui peut-on faire confiance dans ce monde, dans cet univers ?

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