J'ai lu les travaux de la sociologue Lucie Wicky, qui a réalisé des statistiques sur les garçons. Cela m'a fait réfléchir, j'aimerais qu'une Lucie Wicky mène une étude sociologique pour comprendre l'hécatombe que j'ai découverte concernant les jeunes acteurs. Je n'ai pas été surpris par l'existence de cas, mais par leur nombre. Aujourd'hui, cela continue de manière exponentielle, chaque jour.
Il est essentiel de comprendre que nous faisons face à des prédateurs. Une agression isolée n'existe pas. Tous les récits se recoupent, révélant une multiplication infinie d'agressions sexuelles ou de viols. Ces actes sont perpétrés par divers professionnels, acteurs connus, directeurs de casting, réalisateurs, producteurs, agents, attachés de presse, photographes, auteurs de théâtre, metteurs en scène. Les témoignages que je reçois sont extrêmement détaillés et circonstanciés, souvent très longs. On me rapporte des phrases prononcées par les victimes et les agresseurs présumés, des lieux précis, des appartements, des fêtes. Cela fait vingt-huit ans que j'exerce ce métier, et je reconnais les lieux mentionnés. Aujourd'hui, lorsque je reçois un témoignage, je n'ai même pas besoin de le lire jusqu'à la fin pour identifier l'agresseur, car je connais chaque prédateur et leur système de prédation, extrêmement bien rodé.