Pour revenir à l'origine de l'affaire, M. le président, vous avez mentionné # MeToo Acteur. Il est important de rendre à César ce qui appartient à César. En réalité, c'est Aurélien Wiik, le comédien, qui a créé le hashtag # MeToo Garçons, et non moi. Ce qui s'est passé, c'est qu'un peu avant le 22 février, j'ai reçu sur mon compte Instagram des messages d'acteurs. Le premier message provenait d'un acteur que je connais, qui est également agent. Il m'a écrit : « Stéphane, j'aimerais te parler. » J'ai immédiatement compris qu'il s'agissait de quelque chose d'important. Je lui ai donc donné mon numéro de téléphone pour qu'il puisse me contacter. Ce fut le premier témoignage que j'ai reçu.
Cet acteur m'a relaté l'agression sexuelle dont il avait été victime de la part d'un agent. Très rapidement, le bouche-à-oreille a fonctionné parmi les acteurs et les artistes, qui se disaient : « Il y a quelqu'un, Stéphane, à qui tu peux parler ». Un deuxième témoignage est arrivé, puis un troisième, un quatrième, jusqu'à atteindre huit témoignages. À ce moment-là, j'ai compris que huit témoignages en si peu de temps représentaient un nombre conséquent. J'ai donc décidé de centraliser ces témoignages quelque part. C'est ainsi que j'ai créé l'adresse metooacteur@gmail.com, le 22 février. Le 23 février, Aurélien Wiik, que je connais en tant qu'acteur mais que je n'avais pas vu depuis longtemps, a fait ses révélations sur son compte Instagram.
Je n'étais pas au courant de ces événements, donc j'étais suis choqué, bouleversé et attristé. J'ai immédiatement envoyé un message à Aurélien Wiik, et nous avons échangé. Il a regardé mon Instagram et m'a dit : « C'est incroyable, tu as fait cette adresse. » Je lui ai répondu : « Je ne savais pas pour toi et toi, tu ne savais pas pour moi. » En réalité, Aurélien Wiik a lancé ce mouvement grâce à son initiative. En parlant, il a effectivement encouragé les acteurs à s'exprimer. Il est important de préciser qu'Aurélien Wiik n'a pas souhaité s'exprimer à la presse pour des raisons qui lui sont propres et personnelles. La presse s'est alors tournée vers moi. À ce moment-là, je me suis interrogé, car je me suis dit : « Si je ne rends pas public ce que tout le monde sait mais que personne ne veut reconnaître, cela va être de nouveau enterré ». Ce n'était pas une partie de plaisir pour moi de m'adresser à la presse, notamment lors de l'émission « C'est l'hebdo ». Cela a été même très difficile. Je l'ai fait en étant pleinement conscient du danger dans lequel je me mettais, avec comme conséquence immédiate la sanction et l'omerta. J'avais brisé la loi du silence qui prévaut encore aujourd'hui en 2024.