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Intervention de Christophe Pauly

Réunion du jeudi 6 juin 2024 à 14h00
Commission d'enquête relative aux violences commises dans les secteurs du cinéma, de l'audiovisuel, du spectacle vivant, de la mode et de la publicité

Christophe Pauly, secrétaire national en charge des médias pour la fédération communication, conseil, culture (F3C-CFDT) :

Concernant les dispositifs et les procédures pour les intermittents dans notre périmètre, nous avons élaboré un kit VHSS pour les secteurs du cinéma, de la production audiovisuelle et du film d'animation. Ce kit est évolutif et nous avons mené une vaste campagne de communication à ce sujet. Il s'agit d'un outil détaillant les procédures internes. Je ne vais pas entrer dans les détails ici, mais nous pourrons vous le transmettre. Pour ce qui est de la publicité, nous avons mis en place un dispositif similaire, accessible à toutes les entreprises. La manière dont ces entreprises et les collectifs de travail non permanents s'approprient ces outils est un autre sujet, en constante évolution.

Par ailleurs, vous avez reçu le CNC plus tôt. Nous avons désormais des formations obligatoires sur ces sujets, lancées juste avant la pandémie de la covid-19. Ces formations sont intégrées dans le travail de la commission nationale paritaire pour l'emploi et la formation, et concernent notamment la coordination d'intimité. Nous avons pris exemple sur les États-Unis et leur syndicat interne pour structurer ces formations. L'année prochaine, nous mettrons en place une certification après avoir réalisé une étude d'opportunité et rédigé un cahier des charges.

En ce qui concerne les référents VHSS sur les projets et les tournages, il reste des aspects à approfondir. Nous allons recueillir des retours d'expérience car, actuellement, certaines personnes suivent des formations tout en ayant d'autres responsabilités sur les tournages. Ces retours nous permettront probablement de redimensionner les dispositifs en place. Ces discussions sont régulières entre partenaires sociaux dans les CCHSCT. Il y a une véritable prise en compte et une prise de conscience de ces enjeux.

Sur l'aspect de la précarité, l'intermittent est un professionnel du spectacle, qu'il soit vivant ou enregistré. Il s'agit d'une personne qui fait carrière dans un secteur d'activité de manière substantielle ou essentielle, mais de façon intermittente, avec des contrats de travail qui débutent et s'achèvent, laissant des périodes d'inactivité entre eux. Cela engendre inévitablement des effets pervers. Quel que soit le sujet, qu'il s'agisse de violences ou de thèmes moins dramatiques, la victime se demande si elle pourra travailler à nouveau par la suite. Est-ce que quelqu'un ne va pas dire quelque chose à quelqu'un d'autre ? « Tu sais, celui-là, c'est vraiment quelqu'un qui nous pose problème. » Cette situation est récurrente. Nous devons lutter contre cette culture, mais je vous avoue que c'est assez complexe.

Je vais aborder la situation des intermittents, qu'ils soient du côté du spectacle vivant ou enregistré. Cela ne concerne pas uniquement les tournages de cinéma, mais également la radiodiffusion, la prestation technique et la télédiffusion. Les intermittents sont présents partout, représentant plus d'une centaine de milliers de personnes. Dans le secteur de l'enregistré, on compte 120 000 personnes, dont 80 % sont précaires. Ces précaires ne représentent peut-être pas 80 % en termes de fréquence de travail, car certains ne travaillent qu'occasionnellement. Cependant, ils sont censés exercer avec expérience et expertise tout au long de leur vie professionnelle. Cette situation crée une sorte d'épée de Damoclès permanente. C'est ainsi que nous vivons, c'est notre réalité.

Après avoir quitté la réunion, lorsque nous nous retrouvons témoins, nous engageons des discussions entre paritaires. Il y a à la fois la victime, que l'on peut qualifier de présumée, et la personne qui est l'auteur des faits qui n'auraient pas dû se produire, ainsi que les éventuels témoins. Cela ne se limite pas à l'aspect financier, à la production ou à d'autres considérations. Cette sorte d'omerta, due aux liens futurs et à la peur qu'ils suscitent, représente un immense travail de révolution culturelle que nous avons entrepris. Je ne sais pas comment, d'un point de vue légal ou juridique, les choses peuvent évoluer. Ce qui est certain, c'est qu'en termes de communication, au sein de nos échanges internes entre paritaires, plus nous en parlerons, plus les situations tendront à s'améliorer. Actuellement, les situations restent très complexes.

Nous n'avons pas abordé l'enjeu économique lié à ces questions. En ce moment, entre paritaires, avec une prise de conscience du côté des producteurs, l'idée d'un outil assurantiel émerge. C'est une piste à explorer davantage. Si nous parvenons à mettre en place des amortisseurs de danger, psychologiques ou économiques, les collectifs seront progressivement plus sereins et pourront comprendre que prendre ce risque n'est pas si grave. Nous en sommes là. L'année dernière, lors d'un tournage, un homme a été violé et il ne souhaitait pas porter plainte. Cela ne se résout pas simplement, et le poids qui pèse sur les individus est immense.

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