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Intervention de Karine Huet

Réunion du jeudi 6 juin 2024 à 14h00
Commission d'enquête relative aux violences commises dans les secteurs du cinéma, de l'audiovisuel, du spectacle vivant, de la mode et de la publicité

Karine Huet, membre du collectif Femmes de la FNSAC-CGT :

Je vais aborder la question de l'enseignement, car il n'existe actuellement aucune prévention ni formation dans les lieux de formation. Il serait très pertinent d'introduire de tels outils, que ce soit dans l'enseignement initial des conservatoires ou dans l'enseignement supérieur. À ce jour, rien n'est mis en place. De plus, ces lieux perpétuent des stéréotypes de genre. Les instruments sont genrés et, par exemple, les musiciens sont exclusivement des compositeurs, sans aucune compositrice. Ce contexte favorise les violences ultérieures.

Actuellement, il n'existe aucun protocole, même pour les enfants. J'ai rencontré la semaine dernière un directeur d'un conservatoire à rayonnement régional (CRR) d'Île-de-France qui m'a fait part de nombreux problèmes et situations de VHSS dans son établissement, notamment entre adolescents. Il m'a cité un cas survenu dans ses cours de théâtre entre adultes élèves, et nous voyons également dans les journaux des cas impliquant des professeurs et des élèves. De nombreuses situations demeurent sans solution, les responsables manquant d'outils pour les traiter. Chacun agit comme il peut, sans directives claires.

Lors d'un comité de suivi du schéma national d'orientation pédagogique au ministère de la culture, nous avons évoqué la nécessité de mettre en place des outils pour permettre les signalements. Il est impératif de trouver des protocoles adaptés aux paroles des mineurs, car nous sommes souvent confrontés à des situations impliquant des mineurs, et nous ne savons pas comment les gérer. En plus de traiter et de signaler ces situations, il est essentiel de mettre en œuvre des actions de prévention, tant pour les futurs professionnels que pour les amateurs. Cela me semble d'une importance capitale.

L'autre jour, j'ai évoqué au ministère un véritable terrain propice aux violences sexuelles, la non-mixité dans de nombreux secteurs. Par exemple, dans la musique actuelle, les femmes représentent seulement 8 à 10 % des effectifs. Si l'on trouve des chanteuses, les musiciennes sont en revanche très rares. De même, les chefs d'orchestre et les directeurs artistiques sont majoritairement des hommes. Cette absence de mixité favorise largement les violences sexuelles. J'ai également souligné l'importance de mettre en place des politiques incitant les filles à s'engager dans des formations où elles sont actuellement sous-représentées. L'absence de modèles féminins dans certains domaines, comme le jazz, dissuade les jeunes filles de s'y aventurer. Il est donc essentiel que les conservatoires adoptent des politiques visant à encourager la mixité, ce qui pourrait, à terme, bénéficier aux professions artistiques.

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