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Intervention de Sarah Legrain

Réunion du jeudi 6 juin 2024 à 14h00
Commission d'enquête relative aux violences commises dans les secteurs du cinéma, de l'audiovisuel, du spectacle vivant, de la mode et de la publicité

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaSarah Legrain :

Ma question s'inscrit dans la continuité de celle de Mme la rapporteure. Je tiens d'abord à saluer votre présence et à vous remercier pour votre exposé sur le travail du CNC, qui témoigne d'une prise de conscience de l'ampleur de la lutte à mener et des actions déjà mises en œuvre. Je regrette également l'absence de Dominique Boutonnat, maintenu dans ses fonctions par le président Macron, malgré les accusations de violences sexuelles portées contre lui par son filleul. De plus, des témoignages évoqués par Mme la rapporteure dans la presse signalent des comportements problématiques, y compris dans le milieu du cinéma. Une pétition, soutenue par le Collectif 50/50, l'Association d'acteur.ices féministe et anti-raciste (ADA), l'ARDA, Divé+, les Femmes à la caméra, MeToo Media, la CGT Spectacle et de nombreuses personnes individuellement, demande son retrait.

Je souhaite souligner que si l'on choisit de ne pas se retirer, il faut assumer ses responsabilités et se présenter devant une commission d'enquête pour rendre compte de ses actions, sans nécessairement aborder les aspects judiciaires, mais en discutant des actions menées et de leur perception au sein du CNC. Je suis néanmoins heureuse de pouvoir vous poser des questions sur plusieurs sujets.

Ma question porte sur les signalements internes. J'ai noté l'existence d'une cellule d'écoute, mais si je comprends bien, cette cellule étant entièrement anonymisée, elle ne peut pas aboutir à des signalements. C'est un point que je découvre. J'avais discuté avec la cellule d'écoute, mais je n'avais pas perçu cela. J'ai donc du mal à comprendre son fonctionnement. Il est évidemment très important d'avoir une partie écoute, mais comment fonctionne la partie signalement ? Qui a besoin d'une levée de l'anonymat pour mener des enquêtes ? Vous avez mentionné que nous ne disposons pas des moyens d'enquête des services de police et de justice, ce qui est évidemment vrai. Cependant, le code du travail dispose que les entreprises, ainsi que les organismes publics de protection des employés, ont des responsabilités qui peuvent nécessiter des enquêtes. Seriez-vous favorable à ce qu'en plus de la cellule d'écoute, un organisme indépendant soit mis en place, auquel le CNC et les entreprises pourraient recourir pour mener des enquêtes ? Nous savons que les affaires relevant de la justice doivent être traitées par celle-ci, mais il y a aussi des mesures de précaution à prendre lorsque des signalements sont reçus. Je comprends la question de l'anonymat, mais envisagez-vous de vous auto-saisir dans certains cas ?

Par exemple, lorsque des propos tels que : « vous allez voir beaucoup de porno, j'espère que vous aimez ça, la salle de projection est super confortable, vous verrez que je n'y vais jamais, mais quand vous y serez, je passerai vous voir du coup » apparaissent dans la presse, même de manière anonyme, quelles mesures prenez-vous pour aller au-delà de la rumeur et de l'anonymat afin de mener des enquêtes et identifier les victimes ? Si ces victimes restent anonymes, c'est souvent par crainte de représailles. Quelles actions mettez-vous en œuvre pour qu'elles puissent sortir de l'anonymat et que leurs signalements deviennent officiels ? Je suppose que vous tenez à ce que ces signalements aboutissent à des mesures concrètes.

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