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Intervention de Élisabeth Tanner

Réunion du jeudi 6 juin 2024 à 9h30
Commission d'enquête relative aux violences commises dans les secteurs du cinéma, de l'audiovisuel, du spectacle vivant, de la mode et de la publicité

Élisabeth Tanner, présidente du syndicat français des agents artistiques et littéraires (SFAAL) :

Il me semblait avoir déjà répondu à la première question. Lorsque j'affirme : « Je refuse plus de contrats que je n'en accepte. », c'est dans le cadre du choix que vous faites en guidant une carrière. Parfois, notamment au début d'une carrière, de nombreuses propositions affluent et il est nécessaire de trier. Certaines propositions peuvent être extrêmement intéressantes financièrement, mais désastreuses en termes d'image. Dans ces cas-là, nous décidons de ne pas les accepter. Nous sommes des accompagnateurs, nous avons des points de vue, mais le choix définitif revient toujours au talent. Certains talents nous écoutent de manière vertueuse, tandis que d'autres peuvent vouloir faire un film qui leur rapportera beaucoup d'argent pour des raisons personnelles. Cependant, ce n'est jamais nous qui prenons la décision finale. Cela rejoint ce que nous disions précédemment. Lorsqu'un talent nous dit : « je sais que ce n'est pas idéal, mais j'ai quand même envie d'y aller », nous pouvons discuter des problématiques. Nous ne parlons pas toujours de situations extrêmes comme des crimes, mais plutôt de complications potentielles. Par exemple, nous pouvons dire : « attention, cela risque d'être compliqué, es-tu sûr de vouloir t'engager pendant deux mois ? » et le talent peut répondre : « Oui, mais j'aime bien le projet. » En fin de compte, c'est toujours la personne qui choisit. Si des problèmes surviennent, nous leur rappelons que nous les avions avertis, mais ils doivent assumer leurs choix.

Concernant le scénario, nous suivons un tournage en collaboration avec les réalisateurs. Il arrive que nous lisions plusieurs versions du scénario, le traitement initial, puis la première version, etc. Le scénario évolue constamment, jusqu'à la veille du tournage, et parfois même pendant celui-ci, en raison des réécritures de dialogues par les acteurs. Nous lisons un scénario et on nous raconte une histoire. Ensuite, un casting est réalisé. Nous proposons des talents et un casting définitif est choisi. Je travaille avec des réalisateurs et parfois, je n'ai aucun acteur ou actrice à gérer, car cela se passe ainsi. Vous ne faites plus rien. C'est-à-dire que vous vous occupez de la facturation, du contrat, etc. Vous passez des coups de fil pour vérifier que tout se déroule bien. Parfois, on vous informe que le tournage a été retardé de deux heures à cause du mauvais temps. Ce sont à peu près les conversations que nous avons.

Cela dépend des réalisateurs. Certains préfèrent vous montrer le film une fois terminé, c'est-à-dire monté, mixé, vraiment la copie définitive. D'autres aiment vous montrer le film après un premier ou un deuxième montage, car ils souhaitent avoir votre avis et que vous leur signaliez ce qui ne va pas. Concernant Catherine Corsini, honnêtement, vu le nombre de scénarios que je lis chaque semaine et chaque jour, je suis incapable de me souvenir si la version qu'elle m'a fait lire incluait cette scène ou non. Je vous assure, sous serment, que je ne peux pas m'en souvenir. Nous lisons tellement de scénarios que parfois, je ne suis même plus sûre de les avoir lus. Nous n'avons pas ce contrôle. Peut-être que dans le cas de Catherine, cela a dysfonctionné parce que la productrice est aussi son amie, ce qui compliquait la situation. Il est difficile d'imposer des décisions dans ce contexte. Je n'ai été informée de cette affaire que lorsque le problème s'est posé. Je ne l'avais pas anticipé, je ne pouvais pas le prévoir. Voilà la nature de notre relation. Parfois, vous êtes dans votre bureau, tout se passe bien sur le tournage, et soudain, un problème surgit et on nous appelle pour signaler un problème sur le plateau.

Il est évident que les excuses ne suffisent pas. Quand je parle d'excuses, je fais référence à une mésentente sur le plateau, non à un crime. Les excuses sont inutiles dans ces cas-là. Il est nécessaire d'aller plus loin et de ne pas simplement se dire pardon. Il s'agit de rétablir un climat de bonne volonté pour mener le film à terme. Un film est comme un bateau qui part, et chacun a intérêt à ce qu'il arrive à destination. Parfois, des excuses permettent de calmer les esprits, de rappeler à chacun de faire attention, et de permettre aux acteurs de se sentir à l'aise pour continuer à travailler jusqu'au bout.

Concernant l'arrêt du film ou de la série télévisée d'hier, il s'agit d'une réalisatrice externe à mon équipe qui a complètement dysfonctionné. Elle a littéralement pété un câble, pour reprendre l'expression. Toute l'équipe a alors déclaré qu'elle ne pouvait plus continuer, et le producteur a décidé d'arrêter immédiatement. Elle sera remplacée lundi. Je ne mentionne pas les noms pour des raisons de confidentialité.

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