Je souhaite témoigner de l'évolution d'une génération, car je suis agent depuis cinq ans et dans ce milieu depuis une dizaine d'années. Je tiens à souligner la libération de la parole chez les nouveaux acteurs et actrices. Ils communiquent entre eux, ce qui n'était pas le cas auparavant. Je représente principalement des jeunes d'une vingtaine d'années, nés dans les années 2000. Ces jeunes n'hésitent pas à s'exprimer, que ce soit entre eux ou avec moi. Lorsque je rencontre des situations où un acteur ou une actrice se retrouve face à un réalisateur ou une réalisatrice utilisant des méthodes de travail inappropriées, nous n'hésitons pas à les confronter. J'ai déjà eu des expériences négatives sur des plateaux, mais aujourd'hui, les acteurs n'ont plus peur de parler et de se confronter aux réalisateurs. Bien que des progrès restent à faire, mon expérience, bien que récente, montre que ces jeunes n'hésitent pas à me parler. Cela est essentiel, car nous jouons un rôle de juge de paix, capable de rééquilibrer les forces en présence. Le fait que ces jeunes n'aient pas peur de nous parler et que nous puissions déclencher cette confrontation apporte beaucoup.
En ce qui concerne les méthodes de travail sur les tournages, je rejoins ce que vous disiez, M. Balanant. Il s'agit d'un débat important entre acteurs et actrices. Aujourd'hui, une majorité de cette génération affirme qu'il n'est pas nécessaire de se hurler dessus pour bien jouer. Ils sont unanimes sur ce point. Il existe des méthodes permettant d'atteindre des émotions telles que la tristesse ou la colère sans recourir à des émotions trop personnelles. Il est important de le rappeler.
Je conseille les personnes lorsque je constate qu'un réalisateur a une mauvaise réputation. Je les en informe, mais la décision finale leur appartient. Je ne suis pas leur directeur de conscience. Par exemple, si demain ils souhaitent travailler avec Woody Allen, c'est leur choix. En revanche, je les mets en garde contre une réalisatrice connue pour être très colérique sur un plateau. Je les informe, et ensuite, ils sont libres de décider s'ils veulent tourner ou non avec cette personne.