Sur la question de la formation, la seule manière de progresser au sein d'une organisation réside, selon moi, dans la décision de la présidence ou de la direction générale d'adopter une tolérance zéro. Récemment, j'ai participé à une formation dans une grande entreprise de médias, préparée en collaboration avec le président, qui a clairement affirmé que la tolérance devait être nulle. Lorsqu'un tel dialogue est instauré avec le management et que l'on descend dans les structures pour s'adresser à l'ensemble des participants aux formations, y compris ceux qui sont en situation de précarité et qui peuvent éprouver de la peur, le message de tolérance zéro contribue à améliorer le climat de confiance et la prise de rôle.
J'aborde également la question des référents en entreprise. Il est impératif qu'il y ait des référents et qu'ils soient correctement formés. La principale difficulté réside dans la confiance. Un référent ne doit pas occuper une position hiérarchique, car une victime pourrait se sentir mal à l'aise de se confier à quelqu'un qui pourrait influencer son avenir professionnel. La question des référents en entreprise soulève fondamentalement celle de la confiance. Il ne suffit pas d'en avoir, il faut aussi les accompagner avec des structures externes. En interne, il est extrêmement complexe de prendre des décisions et d'accompagner des victimes, surtout lorsque les référents eux-mêmes sont soumis aux mêmes conditions de précarité.
Madame, je comprends votre surprise face à la situation des personnes formées, notamment les étudiants, qui se retrouvent dans des contextes très complexes. La distinction entre le harcèlement moral et le harcèlement sexuel comporte des subtilités juridiques extrêmement complexes qu'il est nécessaire d'expliquer. Il suffit de consulter le dernier rapport du Haut Conseil à l'égalité (HCE) pour constater l'ampleur des inégalités, notamment en matière de sexualité et de pornographie. Ce rapport révèle que plus de deux millions de jeunes enfants visionnent des contenus pornographiques avant l'âge de onze ans. De plus, 40 % des jeunes de dix-huit à vingt-cinq ans estiment qu'un acte sexuel doit être violent pour qu'une femme puisse y prendre du plaisir. Ces chiffres soulèvent des questions fondamentales sur la sexualité, le rapport à l'autre et le consentement.
Cette violence omniprésente dans notre société se manifeste également dans les écoles, où l'on observe une ultra-violence chez les jeunes. Cette situation se reflète profondément dans les interactions entre hommes et femmes, marquées par des actes de violence qu'il est impératif de corriger. C'est pourquoi nous, ainsi que toutes les associations concernées, œuvrons intensivement à la prévention, à la lutte contre les stéréotypes et à l'éducation. Il est essentiel d'instaurer dès le plus jeune âge des sessions de formation sur le consentement dans les écoles, les collèges et les lycées. Il me semble évident de vous le rappeler aujourd'hui dans cette assemblée, vous qui détenez une partie du pouvoir législatif. Nous nous interrogeons sur l'absence de certaines mesures. Pourquoi ne sont-elles pas mises en place ? Par exemple, pourquoi les formations à la vie sexuelle dans les écoles ne sont-elles pas appliquées ? Cette question nous interpelle profondément. En tant qu'associations, nous ressentons une vive préoccupation.
Les familles, censées être le premier lieu de protection, ne remplissent pas toujours ce rôle. Nous savons que 160 000 enfants subissent des violences au sein de leur propre famille. De plus, sur les 96 000 viols recensés, 89 % des victimes connaissent leur agresseur. Les chiffres sont clairs et les analyses précises. Nous disposons aujourd'hui d'une analyse détaillée des constats. Les chiffres sont là, les analyses existent. Il est temps d'agir, car les constats sont établis. Il manque, à mon sens, une véritable volonté politique. Une volonté politique forte, accompagnée de moyens adéquats, permettrait de réaliser des progrès significatifs dans la lutte contre les violences en France.