Pour répondre à votre question sur les chartes, qui me semble extrêmement importante, cela soulève toute la problématique des outils que nous mettons en place. Vous avez raison, et je partage votre sentiment. De nombreuses chartes sont signées par des entreprises, parfois même lancées par des associations, et elles comportent un nombre impressionnant d'entreprises signataires. Cependant, en l'absence d'outil d'évaluation, on peut légitimement se demander à quoi elles servent. J'ai entendu de nombreux témoignages personnels de ces associations indiquant qu'elles n'étaient pas là pour se substituer aux entreprises. Une fois que ces dernières ont signé la charte, elles ont manifesté un engagement, et il n'est pas du ressort des associations de vérifier ce qui se passe ensuite. C'est une réalité.
Toutefois, cela pose la question de l'utilité de cette signature. À quoi sert-il d'afficher notre intention de lutter contre les violences sexuelles et sexistes s'il n'existe aucun indicateur de résultat ni d'expertise précise sur les actions mises en place ou non ? Je ne suis pas certaine que la commission parvienne à résoudre ce problème. Il s'agit d'un enjeu majeur, et nous ne pouvons pas remplacer un règlement intérieur ni des outils d'analyse. À mon sens, cela relève un peu du washing, je signe une charte pour me donner bonne conscience, et lorsque je suis interpellée, je réponds : « Non, mais j'ai signé une charte, c'est totalement insuffisant. »
Ce qui me semble plus efficace, ce sont les formations que nous pouvons instaurer. Par exemple, Femme avec organise des formations. En tant que cofondatrice de # MeToo Media, nous avons conçu une formation destinée aux écoles de journalisme. Lorsque nous passons une journée, deux jours, avec des étudiants, ou lorsque nous consacrons deux jours entiers de formation avec des équipes sur le terrain, nous avons réellement le temps de travailler en profondeur, de poser des questions, de répondre et d'analyser. Ainsi, les formations me paraissent bien plus efficaces qu'une simple signature au bas d'un document que l'on va afficher sur les murs de l'entreprise.