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Intervention de Camille Pawlotsky

Réunion du jeudi 6 juin 2024 à 9h30
Commission d'enquête relative aux violences commises dans les secteurs du cinéma, de l'audiovisuel, du spectacle vivant, de la mode et de la publicité

Camille Pawlotsky, représentante de HF+ Hauts-de-France :

Je vais aborder la question de l'invisibilisation, qui engendre des violences à plusieurs niveaux. Invisibiliser un groupe de personnes, des individus ou des groupes, et valoriser la force représentative des dominants a une conséquence directe sur la répartition des pouvoirs. Comme l'ont souligné les autres intervenantes, les pouvoirs se concentrent entre les mains d'un nombre restreint de personnes, qu'il s'agisse du pouvoir budgétaire, de la représentation historique, ou de l'histoire de l'art. Cette concentration crée un langage unique détenu par certains. Lorsque l'on invisibilise les autres, ils deviennent des personnages secondaires, des personnes jugées indignes d'être valorisées, vues ou mises en lumière. Si leur valeur est perçue comme mineure, elles deviennent des objets de possession, de violence, de manipulation, et subissent une répartition inégale des pouvoirs. L'invisibilisation, par définition, consiste à renier et à mettre dans l'ombre. En tant que femmes et personnes minorisées, cela se manifeste par exemple lors des journées du patrimoine où seules des œuvres d'hommes sont exposées, ou lorsque les plaques de rue ne reflètent pas notre existence. Cela signifie que nous ne pourrons jamais faire partie de ce groupe dominant. C'est un écrasement de nos ambitions et de nos dynamiques dès le départ. Nous considérons cette forme de violence comme l'une des premières à être acceptée tacitement.

Concernant les récits, il est évident que l'invisibilisation appauvrit notre patrimoine culturel. Lorsque les récits sont toujours narrés par les mêmes personnes, ils finissent par se ressembler. Par exemple, depuis plusieurs années, les salles de théâtre se vident, et il devient de plus en plus difficile d'attirer le public. Cette désaffection s'explique en partie par le fait que les spectacles et les œuvres ne représentent pas l'ensemble de la population. Cela génère une forme d'exclusion, privant certaines personnes des lieux de représentation, de fête et de célébration.

Comme cela a été souligné, il existe un continuum entre ces violences et les violences sexistes et sexuelles. Si je suis perçu comme secondaire, si je ne compte pas, alors l'autre peut légitimement exercer une forme de violence à mon encontre.

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