Les propos qui ont été publiés dans la presse ne sont pas tout à fait exacts. Le problème est assez complexe. Nous sommes attachés au camembert parce que c'est le premier produit du groupe et que nous avons été, en tant que premiers producteurs en lait cru comme en lait pasteurisé, à l'initiative de l'AOP camembert de Normandie dans les années 1980. Ceux qui critiquent sont des intervenants qui sont arrivés dans le camembert dans les années 2000 et qui ont voulu changer les règles. Pour ma part, j'estime que le camembert est un produit normand et que tous les camemberts issus du terrain normand peuvent revendiquer l'appartenance à ce terroir. Le camembert de Normandie ne doit pas exclure les autres camemberts.
À l'époque de la mise en place de cette appellation, un consensus a été trouvé entre les différents acteurs : toute la profession a accepté la coexistence d'une AOP camembert de Normandie avec un camembert « fabriqué en Normandie », et nous avons vécu ainsi pendant de nombreuses années. Nous avons même évolué puisqu'il y a eu un consensus pour séparer le mot « camembert » du mot « fabriqué en Normandie » pour le lait pasteurisé, afin de limiter les risques de confusion. Un acteur de la filière a pensé qu'en dénigrant les autres et en essayant de les empêcher de parler de la Normandie, il pourrait vendre plus de camemberts – alors que pour vendre du camembert, il faut commencer par fabriquer un bon produit. Il voulait absolument que la Normandie ne figure plus sur les emballages de produits fabriqués en Normandie et s'approprier la totalité de l'appellation. Or le camembert de Normandie ne représente que 5 % des volumes de camemberts.
Le camembert est un produit emblématique de la France et de la Normandie. Nous avons fait le choix, depuis des années, de valoriser le terroir normand avec nos camemberts de Normandie AOP, qui sont assez haut de gamme dans leur positionnement prix. Un camembert de Normandie se vend autour de 5 à 6 euros, tandis que dans la grande distribution, un camembert pasteurisé coûte moins de 2 euros : le produit n'est donc pas le même, et les attentes des consommateurs non plus. Nous souhaitons que le camembert reste attaché à la Normandie, qu'il soit AOP ou pasteurisé. La justice tranchera et, dans cette attente, nous appliquons la loi en défendant la coexistence du camembert de Normandie AOP et du camembert fabriqué en Normandie avec du lait normand. Ce n'est donc pas Lactalis qui souhaite exclure les autres producteurs.